Couleurs nationales et partisanes ou “ arbitrarité du signe ” — Philippe ARNAUD

Ces remarques touchent à un aspect des élections présidentielles aux États-Unis que l’on a peut-être noté avec surprise. Sur la carte du pays, en effet, les États qui ont voté Républicain (comme la Floride) figurent en rouge, alors que ceux qui ont voté Démocrate (comme la Californie) figurent en bleu.

C’est là un point surprenant pour des Français qui ont l’habitude, eux, d’associer ces couleurs à des opinions politiques inverses. En gros, le rouge pour la gauche (même quelquefois très modérée, comme le P.S.) et le bleu pour la droite (L.R. et R.N.). Certes, si le Parti Républicain étasunien est plutôt à droite (notamment sur des questions sociétales) et regroupe un éventail politique qui irait, chez nous, des centristes aux Identitaires qui débordent le R.N. sur sa droite, le Parti Démocrate, lui, n’est à gauche que sur les questions sociétales, lesquelles ne mangent pas de pain…
Comment des Français et des Étatsuniens (avec leurs cultures politiques respectives) peuvent-ils intégrer ces données ? Comment peuvent-ils, éventuellement, les justifier, les expliquer a posteriori ?

Je profite du délai qui nous est imparti jusqu’à la fin du recomptage des votes et l’épuisement des recours juridiques de Donald Trump, pour esquisser quelques considérations sur les couleurs et leur symbolisme. Je m’appuie largement, ce faisant, sur les ouvrages de Michel Pastoureau, historien médiéviste et spécialiste de la couleur (il a écrit un ouvrage sur cinq des six couleurs héraldiques – le Bleu, le Noir, le Vert, le Rouge et le Jaune – la dernière, le Blanc, étant à venir), de l’héraldique (science des blasons) et de la vexillologie (science des drapeaux), si ce n’est de la phaléristique (science des décorations).

1. En fait, les couleurs, comme symboles politiques, sont distribuées de façon aléatoire et peuvent, selon les pays, représenter des concepts divers, voire antagonistes. Le jaune, par exemple, représente le parti libéral en Allemagne mais peut aussi symboliser la traîtrise (un ouvrier qui ne fait pas grève est appelé un « jaune »). Le noir, en Allemagne et en Autriche, symbolise les…

Auteur: Philippe ARNAUD Le grand soir
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