Coupe du monde au Qatar : un match de foot populaire dénonce le désastre

Gruffy, (Haute-Savoie), reportage

« 52e but du match ! » s’exclame le commentateur sportif. Sur le terrain de Gruffy, petite commune de Haute-Savoie, le chronomètre crante la 4 058e minute de la rencontre. Sous le soleil de 15 heures, le mercure indique 31 °C. Les joueurs dégoulinent de sueur. « On déplore que le stade ne soit pas climatisé, vivement le Qatar ! » badine le commentateur. Depuis 10 heures du matin, les joueurs se succèdent sans pause sur le terrain pour Le Grand Match, une fête populaire organisée en contre-modèle de la Coupe du monde de football qui se tiendra de novembre à décembre dans l’émirat.

Ses organisateurs souhaitent cumuler 6 500 minutes jouées, soit huit heures consécutives, en hommage aux 6 500 ouvriers morts sur les chantiers de la compétition mondiale. Ces travailleurs étrangers étaient employés sur la construction de sept nouveaux stades dédiés au mondial de foot, mais aussi de nouvelles routes, hôtels et un aéroport. À ce sinistre bilan humain s’additionne une lourde facture écologique. Pour éviter que les joueurs et les spectateurs ne suffoquent en cas de fortes chaleurs, un système de climatisation géant a été installé dans chacun des stades. Un stratagème technologique extrêmement énergivore. Cerise sur le ballon rond, les conditions d’attribution de la compétition au petit pays de la péninsule arabique sont elles-mêmes entachées de soupçons de corruption.

Objectif : jouer pendant 6 500 minutes, en hommage aux 6 500 ouvriers morts sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar. © Moran Kerinec/Reporterre

Autant de lézardes dans l’image de la compétition sur lesquelles Le Grand Match pointe un projecteur. « Le pari de notre événement, c’est d’ouvrir un espace de discussion par le football sur ces thèmes, pour amener des personnes qui ne seraient pas sensibilisées à y réfléchir », explique Thibault Duisit, l’architecte de cet événement. Pour y parvenir, « on attire les gens par différents angles : certains viennent pour le match de foot, d’autres pour le bar, certains pour les concerts du soir et, en parallèle, on organise une conférence qui récapitule les grands enjeux de ce mondial », énumère Brieu, l’un des organisateurs.

« C’est le monde à l’envers ce qui va se passer au Qatar »

Sur le terrain, fair-play et beau jeu sont la règle. Les équipes changent toutes les trente minutes. Certains créneaux sont exclusivement dédiés aux femmes, d’autres aux enfants. Tous les points sont cumulés…

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Auteur: Reporterre