Le Maroc au dernier carré de la Coupe du monde 2022, un choc, une surprise ?
Ce qui peut à priori être accueilli comme « un exploit historique voire miraculeux » à saluer et à reconnaître, est en réalité pour l’entraîneur des Lions de l’Atlas, Walid Regragui, la consécration de l’adhésion de ses joueurs à un plan de jeu minutieusement étudié et adapté aux forces, limites et besoins de ses joueurs.
Mais pas seulement. Il s’agit aussi d’une réponse culturelle et identitaire à la dévaluation, aux critiques et jugements portés sur les compétences et les capacités sportives des Africains.
Quelle fut la stratégie gagnante de ce coach franco-marocain (né en France) dans cette Coupe du monde ? Quelles leçons peut-on en tirer ?
En point de presse, le sélectionneur marocain dévoile sa méthodologie de travail qui s’apparente de très près à celle déployée dans le champ d’exercices d’un psychoéducateur. Une technicité de jeu qui tient compte à la fois des difficultés d’adaptation et des capacités adaptatives du joueur. Il s’agit d’actualiser et d’optimiser un potentiel latent favorable à l’atteinte d’un objectif.
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Les limites et les fragilités comme agent de changement
De cette perspective, les forces et les limites de la personne sont mises sur le même piédestal. La réussite devient désormais impossible si l’on ne table pas aussi sur les limites d’un individu.
C’est avec cet état d’esprit que Walid Regragui est parvenu à convaincre ses joueurs de renoncer à l’attaque (au vu des fragilités de l’équipe), afin de miser sur la défense. Dès lors, on assiste dans cette Coupe du monde de soccer à une nouvelle façon de procéder pour gagner : le jeu consistera principalement à empêcher l’équipe adversaire de marquer des buts.
Il devient donc possible de déjouer des plans, des pronostics et paris, de balayer des stéréotypes, et de susciter l’émoi, en développant un savoir-faire et un savoir-être qui placent le joueur au centre de son projet sportif. Ses fragilités et limites deviennent l’acteur et l’agent de changement de sa réussite, en exploitant toutes ses capacités et ressources.
Ce constat devient d’autant plus intéressant du fait de sa transférabilité dans le cadre d’un projet autre que sportif, tel que celui de la réussite scolaire de jeunes Québécois issus de l’immigration, mon sujet d’étude doctorale en psychologie de l’éducation.
Retourner les difficultés en sa faveur
Ma recherche en psychologie s’est intéressée à l’identité et à l’héritage socioculturel au cœur de la réussite scolaire chez les jeunes issus de la deuxième génération de l’immigration haïtienne. J’ai tenté de répondre à la question suivante : comment ces jeunes, confrontés à des situations de vie vulnérables et fragilisantes qui auraient pu les prédestiner à un décrochage scolaire, sont-ils parvenus à réussir à l’école et à surprendre de par leur étonnant parcours scolaire ?
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Comment les jeunes Québécois d’origine haïtienne réussissent à l’école… envers et contre tout !
L’analyse et l’interprétation des résultats ont permis de proposer un modèle conceptuel qui rend compte des processus impliqués dans leur réussite scolaire. Ils démontrent comment ces jeunes sont devenus acteurs de leur réussite en parvenant à retourner les difficultés en leur faveur.
Les jeunes rencontrés pour cette étude ont connu des situations de vie difficiles…
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Auteur: Myriam Tahiri Hassani, Docteure en psychologie de l’éducation; psychologue clinicienne; chargée de cours, Université du Québec à Montréal (UQAM)