Coups de grâces

« Est-il déjà possible de transformer nos énergies en natures mortes ? » demande Samuel Belfond à Anne Imhof suite à sa session de performances à tendance blockbusterdans une institution parisienne : une question sensible à chaud d’il y a déjà une semaine ou deux, soit une éternité pour les temps consommés de nos attentions évènementielles. Un fil brûlant dont les cendres rejoignent avec latence et patience ici les reflets d’eaux politiques glaciales des structures d’influences culturelles et artistiques, de leurs instrumentalisations historiques incessantes et de leurs retournements narcissiques actuels.

Il sera question ici de contribuer à discuter en quoi cela est finalement une bonne nouvelle, esthétiquement et politiquement, qu’on mette enfin un terme à ces faux-semblants émancipateurs universalistes de l’artiste et de ses responsabilités socio-économiques, que se dévoile un peu plus l’articulation des mythologies de l’histoire de l’art comme instrument de contrôle politico-cognitif d’un corps social et des personnes qui en constituent son « milieu culturel ». Dernièrement nous nous sommes retrouvé.es à quelques moments opportuns, nous avons pu écouter les murmures et les dégoûts, les frustrations et les fascinations, y observer anecdotes et coups d’éclats, débats entre deux bières des empirismes institutionnels et de retours néophytes externes.

Comment cette expérience médiatico-esthétique totale qu’a été la proposition du duo Imhof- Douglas a achevé le tableau de l’impasse du geste subversif en art, des potentielles puissances de transformations symboliques collectives par l’engagement dans les sphères officielles reconnues, ces milieux légitimes et visibles de la création dite contemporaine ?

Des coups de grâces qu’il convient de témoigner, d’analyser dans la limite des lumières et des ombres de nos privilèges, partager un pavé de plus dans la marre de nos paradoxes, les nommer. Il paraît qu’une partie du public demande le remboursement de sa réservation pour la performance d’Imhof, les raisons entendues invoquées étant que les personnes n’ont pas été satisfait.es du moment, du spectacle, que cela ne correspondait pas aux attentes. Pas assez divertissant peut-être ou trop de monde en masse pour voir quoi que ce soit d’une de ces soirées sûrement.

Il est paradoxal que dans une obscurité totale, notre œil ne voit pas du noir. Physiologiquement, l’absence complète de lumière n’est pas une information de couleur nulle. En…

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Auteur: lundimatin