Coups d'État : régression démocratique en Afrique ?

Le capitaine Sidsoré Kader Ouedraogo, porte-parole de la junte et des soldats, annonce leur prise de pouvoir, le 24 janvier à la télévision nationale.

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Quelles leçons tirer des coups d’État perpétrés en Afrique ? La soldatesque mécontente a arrêté le président en exercice du Burkina Faso, le 24 janvier dernier. Les mutineries militaires burkinabés avaient été annonciatrices, déjà, en 2013, du soulèvement populaire qui allait faire chuter Blaise Compaoré un an plus tard.

Ce nouveau putsch, motivé par l’incapacité des autorités à faire face aux violences djihadistes, rappelle que l’imbrication des militaires dans les élites politiques reste une donnée structurelle. Ce qui n’empêche pas leur influence d’aller en diminuant sur la durée, comme l’a rappelé dans Le Monde Njoya Tikum, coordinateur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Afrique de l’Ouest et centrale.

Lire aussi Dominique Pinsolle, « L’art du coup d’État », Le Monde diplomatique, juin 2021.

D’autre part, la distinction entre deux types de putschs s’impose. D’un côté, on assiste à des coups « régressifs », où l’armée revient sur le devant de la scène, comme au Soudan, pour mettre fin à ce qu’elle considère comme l’incurie des civils, sans soutien de la population. De l’autre, des coups sinon « positifs », du moins salués et célébrés par la population comme de possibles avancées, même s’ils tournent mal par la suite. Au Burkina, un cap a été franchi : l’organisation de la société civile « Sauvons le Burkina », qui a manifesté le 25 janvier dans la rue son soutien aux putschistes, refuse de parler de coup d’État, préférant évoquer une « libération ».

Après le duo Moussa Dadis Camara et Amadou Sanogo, applaudis à leur arrivée au pouvoir en Guinée (2008) et au Mali (2012), voici venu le temps d’Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya, auteurs en 2020 et 2021 de coups perpétrés pour mettre fin à la corruption et l’inertie… avec la promesse ultime de rendre le pouvoir aux civils.

Dans le cas du Mali se profilait, outre l’aggravation de la crise sécuritaire, la menace d’une succession dynastique — tendance désormais transversale en Afrique — avec la montée en grade de l’ancien député Karim Keïta, fils du président déchu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Exilé en Côte d’Ivoire, il se trouve aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt international dans une affaire de…

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Auteur: Sabine Cessou