Coursiers, SDF, éboueurs… À Toulouse, la nuit, le confinement révèle la société invisible

Le confinement est bien là, palpable. Alors que la nuit tombe, Toulouse se calfeutre. Chacun s’enferme chez soi. Les rues, d’ordinaire animées, se vident. Les bars gardent leur rideau baissé et les derniers passants se font pressés, voire méfiants. Un silence plane, presque angoissant. Comme une chape de plomb.

Et tandis que l’obscurité s’étend sur la ville rose, une autre réalité urbaine apparait : les rouages de l’économie sautent aux yeux, les précaires sortent de l’ombre, les invisibles se révèlent enfin. Ils ont la rue pour eux. La ville est morte mais eux s’activent encore. Il faut bien vivre

Il est 19 heures, place du Capitole et un flot d’Afghans, d’Érythréens et de Maliens débarquent à vélo, un sac Uber Eats sur le dos. Ils vont livrer jusqu’à 2 heures du matin des kebabs, des pizzas et des burgers aux Toulousains cloîtrés chez eux. 

« Ici l’endroit est stratégique à la croisée de plusieurs restaurants », explique Yassir, venu de Ghazni, à une centaine de kilomètres au sud de Kaboul. Il habite en France depuis 2017 et a obtenu le droit d’asile. Il livre douze à quinze commandes par jour, qu’il pleuve ou qu’il vente.

Yassir vient de Ghazni, à une centaine de kilomètres au sud de Kaboul.

Avec la soirée, le flux s’intensifie. La signalétique semble inutile. Il n’y a plus de voitures. Les livreurs foncent, grillent les feux, roulent parfois à même les trottoirs pour grappiller quelques secondes et devancer l’algorithme. « Le temps, c’est de l’argent. » Depuis deux ans qu’il est en France, Yassir a appris l’expression.

Chaque jour, ils sont cinq cents comme lui à tracer dans les rues du centre-ville pour fournir de la fast-food. Dans la restauration, c’est le secteur qui s’en sort le mieux aujourd’hui : « McDo, Burger King, Sushi shop, O’tacos, c’est l’essentiel de nos commandes », raconte Yassir. Avec le confinement, les demandes ont explosé. « Ça…

Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre
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