« Coûteuse, inutile »… Le mauvais procès de la rénovation énergétique

La petite musique monte dans le débat public : finalement, la rénovation énergétique est-elle vraiment efficace ? Fait-elle baisser la facture et diminuer les émissions de gaz à effet de serre ? Une nouvelle marotte, issue de la presse conservatrice, et qui se répand dans le débat public : la rénovation énergétique serait en soi « chère », « inutile », c’est même l’éditorialiste Patrick Cohen qui le clame à la télévision.

Le secteur du logement fait face à son tour à ce qu’ont connu les énergies renouvelables, la voiture électrique, l’agriculture bio : en prenant le prétexte d’un problème de politique publique mal calibrée, des adversaires de la transition écologique en profitent pour remettre en cause toute utilité de cette politique.

Des études datées et limitées

Le sujet trouve d’ailleurs un écho particulier alors que les associations de bailleurs militent depuis des mois contre l’interdiction — pourtant timide et limitée — de la location de certaines passoires thermiques entrée en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2023.

Que disent les fameuses études ? La dernière date de janvier 2023, dans la revue Energy Economics. Réalisée en Angleterre et au Pays de Galles, sur la période 2005-2017 et sur 55 000 foyers, elle viendrait prouver que les bénéfices d’une rénovation énergétique par l’isolation des murs ou du sol ne durent pas plus de quelques années. Ils seraient même inexistants pour les ménages modestes. Parmi les raisons avancées : « L’écart de performance énergétique, l’effet rebond et/ou des projets de construction et de rénovation résidentielles. »

Une étude en fait déjà datée — elle s’arrête en 2017 — et surtout aux résultats très limités. Comme l’expliquait le Haut Conseil pour le climat en 2020 dans son rapport « rénover mieux : leçons d’Europe », la politique britannique en matière de rénovation a longtemps fonctionné sur la base d’obligations envers les fournisseurs d’énergie. Ceux-ci choisissaient eux-mêmes les travaux qu’ils voulaient financer, en fonction de leur intérêt premier : la diminution rapide des émissions de gaz à effet de serre. Les besoins d’économie de facture ou de gain de confort pour les occupants passaient donc au second plan.

Si on ajoute à cela la mode des propriétaires britanniques à étendre la surface de leur logement, notamment en construisant des vérandas — rarement performantes énergétiquement — difficiles d’observer des effets positifs.

« Avec une approche morcelée et sans l’associer à des actions de sobriété, c’est normal de ne pas obtenir les résultats estimés », confirme Danyel Dubreuil, coordinateur de l’initiative Rénovons, qui…

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Auteur: Grégoire Souchay (Reporterre) Reporterre