Covid-19 : pas question de se sauver soi-même, c'est ensemble qu'il faut lutter

Michel Lepesant est (p)artisan de la décroissance ; Aude Vidal est auteure d’Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur et animatrice du blog Écologie-politique.eu.


La crise du Covid-19 nous confirme que la poussée autoritaire n’est pas le seul fait de l’extrême droite — au pouvoir ou à ses portes dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Pologne, Hongrie, Espagne…). Elle atteint aussi les « démocraties » dites libérales, dont la plupart des décisions sanitaires se sont systématiquement accomplies dans un flou d’autoritarisme bravache et de communication à la fois martiale et tâtonnante. Politiquement, c’est l’espoir même d’une démocratie sanitaire qui est abîmé, l’idée d’un débat public nourri d’informations claires et partagées, y compris bien sûr scientifiques.

Il ne s’agit donc pas de défendre ici les mesures sanitaires prises par le gouvernement, les préfets, les maires et jusqu’à chaque institution. Ni les mesures à l’efficacité plus que douteuse au regard d’un état des savoirs sur les contaminations largement établi à la fin du printemps 2020 (par exemple, le port du masque même dans une rue vide ou sur une plage déserte) ; ni les mesures autoritaires et infantilisantes (rappelons-nous le cirque des diverses attestations) qui nous ont jugé·es a priori incapables d’adapter nos comportements aux contraintes sanitaires ; ni les mesures inéquitables et la répression à deux vitesses qui ont été imposées avec plus de violence sur les classes pauvres que sur les classes aisées (de l’impossibilité du télétravail pour les derniers de cordée aux contrôles tatillons du couvre-feu dans les « quartiers »).

L’État ne fait que remplir son rôle au sein du capitalisme : nous faire travailler

Mais pour autant, nul besoin de crier à la dictature ou à l’apartheid pour s’en indigner : l’État français n’est pas un régime totalitaire, c’est juste un État moderne, c’est-à-dire un État qui met son institution au fidèle service de la production économique, du capitalisme, de l’impératif de la croissance. C’est ainsi que le « retour à la normale », qui sert toujours d’horizon à toutes les mesures décidées (des confinements au passe sanitaire) n’est en réalité que le retour à la santé pour la remise au travail généralisée. À ne pas comprendre cela, on en vient à s’étonner que la question des retraites puisse aujourd’hui resurgir.

Une fois ce constat posé, nous devons aussi nous interroger fortement sur…

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Auteur: Reporterre