Le dépouillage en ligne et public des votes pour créer un syndicat dans l’entrepôt Amazon de Bessemer, en Alabama a commencé hier jeudi 8 avril et devrait reprendre aujourd’hui en début de journée, heure américaine. Pourtant, les premiers résultats indiquent déjà que la bataille est mal engagée : sur les 3200 salariés du site ayant pris part au vote (soit 55 %), plus de 1100 voix se prononcent en défaveur de la création d’un syndicat quand seulement 463 sont pour.
Des résultats qui s’expliquent en partie par les conditions particulières du vote : à la demande du syndicat et en raison du contexte sanitaire, il s’est déroulé exclusivement par voie postale. Or une boîte aux lettres a été installée par la Poste américaine juste devant l’entrepôt de Bessemer au début de la période de vote, à la demande insistante d’Amazon, qui est son plus gros client. Pour le syndicat RWDSU, cette installation relève d’une tentative d’intimider les salariés et enfreindrait la décision du National Labor Relations Board (ndlr : une agence fédérale indépendante en charge de l’inspection du travail et de la supervision des élections syndicales) de ne pas permettre un vote en présentiel dans l’entreprise.
« Notre système est dysfonctionnel, Amazon en a pleinement profité, et nous demanderons au National Labor Relations Board d’exiger qu’Amazon rende des comptes pour son comportement ostensiblement illégal pendant la campagne », a ainsi déclaré Stuart Appelbaum, président du syndicat RWDSU, au média Recode jeudi soir. La multinationale, qui a engrangé un bénéfice net de 5,2 milliards de dollars lors de la pandémie, s’est en effet illustrée par une campagne anti-syndicale particulièrement virulente.
Par ailleurs, selon le syndicat, plusieurs centaines de bulletins, dont la validité a été mise en doute par l’une ou l’autre partie, ont été écartés lors de cette première phase non publique et ne seront réexaminés qu’en cas de contestation du résultat. Si le décompte final des votes devrait être connu dans les prochaines 48 heures, ce ne sera donc probablement que le début d’un combat judiciaire, et certainement pas la fin d’une âpre bataille d’opinion.
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Auteur: Anaïs Sidhoum