Depuis vingt ans des collectifs réunissant professionnels de la sylviculture et citoyens agissent pour penser autrement les usages des forêts grâce à un fonds de dotation permettant l’acquisition de parcelles forestières.
« Penser la forêt autrement qu’un hypermarché du bois devant s’adapter à une filière industrielle » : voilà ce qui a motivé la création du Réseau pour les alternatives forestières (RAF), au début des années 2000. Réunissant des paysans, des scieurs, des écoconstructeurs, des débardeurs à cheval, des bûcherons, des citoyens attachés aux forêts de leurs territoires, le RAF réfléchit aux pistes possibles pour réconcilier la préservation des forêts tout en maintenant des activités humaines. C’est dans ce cadre de réflexion que naît l’idée d’un fonds de dotation – Forêts en vie – qui permet l’acquisition de parcelles forestières partout en France, lesquelles sont ensuite mises à disposition d’associations par un bail de longue durée, de 15 à 99 ans. Il s’agit en fait de créer des communs forestiers inaliénables, en misant sur une gestion partagée et négociée des forêts.
Réflexion collective
Structure juridique à mi-chemin entre l’association et la fondation, le fonds de dotation permet l’acquisition collective sans système de parts ni d’actions. Le pouvoir n’est pas lié aux sommes apportées et il ne peut y avoir de fragilisation avec des personnes souhaitant récupérer leurs parts. En plus de s’engager sur une gestion douce de la forêt, le fonds de dotation Forêts en vie invite à laisser une partie des surfaces louées en « libre évolution », sans aucune intervention ni prélèvement, pour avoir des réserves de vie sauvage.
C’est au sein de Relier, association nationale d’éducation populaire en milieu rural, que le mouvement sur les alternatives forestières a pris racine. Des outils développés par Terre de liens, qui œuvre à la protection des terres agricoles, ont inspiré la réflexion menée sur le bail forestier. Pour renforcer cette dynamique collective et poursuivre la création de communs forestiers inaliénables, Forêts en vie a lancé un appel à soutien pour la mise en place d’une vidéo de présentation de ses projets, qui se clôt ce week-end.
Nos précédents articles sur le sujet :
Pesticides, monocultures, coupes rases : comment des entreprises rendent la forêt toxique
Quand élus, habitants et garde forestier gèrent ensemble une forêt communale, dans l’intérêt général
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Auteur: Nolwenn Weiler