Criminalisation de la solidarité aux frontières

Emilio Scalzo, militant historique de la lutte « No TAV » et symbole de l’aide aux migrants à la frontière franco-italienne, a été arrêté le 15 septembre dernier à Bussoleno, en exécution d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités françaises. Il aurait agressé un C.R.S. au cours d’une manifestation transfrontalière en mai dernier, et encourt jusqu’à sept ans d’emprisonnement.

VAL DI SUSA, octobre 2021

Il est à peine 10h30 à Bussoleno, aimable petite commune piémontaise située à mi-chemin entre Turin et la frontière franco-italienne, mais il flotte déjà dans l’air comme un vent d’agitation. À quelques encablures de la gare, le domicile d’Emilio Scalzo, assigné à résidence suite à son arrestation le 15 septembre dernier, est devenu le théâtre d’une résistance sourde. Inconnu en France, ce poissonnier italien de 66 ans est depuis vingt ans l’une des figures emblématiques du mouvement No TAV, né en opposition à la construction d’une ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin. Taxé « d’infatigable » par le procureur de la République de Turin en personne, il apporte par ailleurs une aide concrète aux migrants dans la région, dernière étape, après la tristement célèbre « route des Balkans », avant d’arriver en France.

Une vingtaine de sympathisants ont installé un barnum sur le trottoir. Sur la clôture, les banderoles « Emilio a Casa » et « Extradition Rebellion » annoncent la couleur. Comme elles les sourires sont francs, les poignées de main, fermes. On est ici en famille, de celles qui parlent fort et ne courbent pas le dos. Pour la saluer, Emilio doit se contenter de passer une tête à travers le portail. Dans l’attente de l’examen du mandat d’arrêt européen émis par la France dont il fait l’objet, il lui est interdit de quitter son domicile. Les faits qui lui sont reprochés remontent au mois de mai dernier, lors d’une manifestation transfrontalière organisée suite à l’évacuation d’une maison cantonnière à Clavière, qui portait assistance aux migrants. Emilio raconte avoir d’abord été pris à parti par des CRS alors qu’il se massait le genou, seul sur un banc en retrait du cortège… avant de riposter. Il encourt 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende, pour violence aggravée sur personne détentrice de l’autorité publique.

Affaire courante, diront certains. Dans les montagnes du val de Suse, le « cas Scalzo » a une autre résonnance. Il vient remuer les plaies encore vives liées à la…

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Auteur: lundimatin