Crise climatique : la Chine refuse de payer la note des pays riches

Jean-Joseph Boillot est économiste et chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste des économies émergentes.

Reporterre — La Chine s’est faite discrète durant la COP27. Première émettrice de CO2 à l’échelle planétaire, elle met en avant le fait d’être un pays en développement, comme le considère l’Organisation des Nations unies (ONU). Quelle a été la position de la Chine concernant la création du fonds pertes et dommages ?

Jean-Joseph Boillot — Cette année, lors de la COP, l’Afrique a réussi à orienter les débats sur la question des pertes et préjudices, avec l’idée que les pays riches doivent payer pour les conséquences du changement climatique, dont ils sont très largement responsables. Or, la Chine n’a cessé de rappeler que depuis 1850, elle a émis beaucoup moins de gaz à effet de serre (11 % des émissions mondiales) que l’Amérique du Nord (27 %) ou encore l’Europe (22 %). Et ce, quand bien même elle est aujourd’hui l’État qui émet le plus de CO2 à l’échelle mondiale — un chiffre à mettre en perspective avec le nombre d’habitants dans le pays, 1,41 milliard.

Ce discours lui a permis de rappeler l’idée d’une « responsabilité commune, mais différenciée » , sans se placer sur le devant la scène — la Chine est restée extrêmement discrète durant cette COP27. Cela lui a permis d’invisibiliser ses propres émissions.

La position de la Chine est claire sur le fonds pertes et dommages : oui, il faut indemniser les pays qui sont les plus affectés par le changement climatique et, oui, ce sont les pays émetteurs historiques — les États-Unis et l’Europe en premier chef — qui doivent abonder ce fonds. Le texte de la COP sur ce fonds n’est pour l’heure pas très clair, il sera renégocié plus tard, mais je suis persuadé que la Chine n’y adhérera pas. Plutôt que d’entrer dans un fonds commun avec les pays riches, elle va plutôt développer des relations bilatérales, plus avantageuses pour elle. Voire aussi créer ses propres fonds, car elle en a les moyens. C’est aussi le sens de sa position durant la COP : la Chine a acté le fait que les pays en voie de développement étaient divisés en deux blocs. D’un côté, il y a les pays vraiment pauvres, qui ont de sérieux problèmes de financement ; de l’autre, les pays émergents qui ont les moyens financiers d’assurer leur propre transition énergétique. Selon elle, la Chine fait partie de cette seconde catégorie. Elle ne fait pas partie des…

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Auteur: Amélie Quentel Reporterre