Crise de l'eau : « La maison s'assèche et les États regardent ailleurs »

Laura Le Floch est chargée de plaidoyer au Secours islamique France. L’ONG, avec Action contre la faim et la Coalition eau, a lancé une campagne internationale pour que les États, et notamment la France, prennent des engagements ambitieux lors de la Conférence des Nations unies sur l’eau, du 22 au 24 mars aux États-Unis.

Reporterre — Le 22 mars s’ouvre la première Conférence des Nations unies sur l’eau depuis quarante-six ans. En quoi cet événement est-il important ?

Laura Le Floch — Cela fait un demi-siècle que l’on attend cette conférence. L’eau est un sujet essentiel pour la vie des humains et la paix dans le monde. Pourtant, il s’agit d’un angle mort au niveau mondial. Il n’existe aucune politique contraignante sur la ressource, aucun organisme transversal comme la FAO pour l’agriculture, aucun fonds dédié.

Dans le même temps, nous sommes face à une crise mondiale de l’eau, aggravée par le changement climatique. La moitié de la population mondiale pourrait être en situation de pénurie d’eau d’ici 2050. On commence déjà à le vivre en France.

Donc en clair : la maison s’assèche et les États regardent ailleurs. Cette conférence ne résoudra pas tout, loin de là, mais elle doit être un premier jalon pour améliorer la gouvernance mondiale de l’eau. Elle peut initier un déclic.

Comme vous venez de le souligner, l’ONU publie le 22 mars un rapport alertant sur une crise mondiale de l’eau. Selon ces experts, entre 2 et 3 milliards de personnes connaissent actuellement des pénuries d’eau, et ce chiffre pourrait augmenter fortement les prochaines années. Comment en est-on arrivé là ?

Très peu de progrès ont été faits sur le sujet. Une personne sur quatre ne dispose toujours pas de l’accès à l’eau — 400 000 personnes en France. Et cet accès est en plus très inégalement réparti. Une personne aux États-Unis consomme près de 300 litres par jour, 200 litres en Europe… mais seulement 20 litres au Sénégal. En Afrique subsaharienne, un tiers des infrastructures d’eau ne fonctionnent pas. Il y a clairement un manque d’investissement des États pour l’accès à l’eau. Il faudrait multiplier par quatre les financements pour le développement des infrastructures.

« L’eau ne connaît pas de frontières »

Dans le même temps, la crise climatique — qui accentue les sécheresses, mais aussi les inondations — rend la situation encore plus critique.

L’accès à l’eau est un sujet très local, géré nationalement. En quoi l’ONU a-t-elle un rôle à jouer ?

L’eau ne connaît pas de frontières. C’est un enjeu géopolitique essentiel, un enjeu de paix qui ne peut pas être ignoré. Des tensions autour du partage de la…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre