Crise des sous-marins : Paris toujours groggy

Grandville. — « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf », 1838.

«De l’affaire du siècle à la débâcle du siècle » titrait Libération, le 1er octobre. Certes, tous les coups sont permis dans ce secteur de l’armement, où la concurrence est féroce, même entre alliés, comme en ont récemment récemment témoigné la victoire américaine des chasseurs F-35 en Suisse (et en Belgique auparavant), ou celle du Rafale français en Croatie, après la Grèce. « Mais, ici, analyse le site Bruxelles2, on est dans un vrai cas d’école : un contrat signé dans le cadre d’un partenariat stratégique, et rompu [cinq ans plus tard] sans aucun préavis », le jour même où Paris se voyait notifier officiellement par Canberra le franchissement d’une nouvelle étape dans la réalisation technique du projet. D’où ce sentiment de « trahison » et de « duplicité », de la part de pays soit disant « amis », qu’ont éprouvé des responsables français cueillis à froid : « Un coup de poignard dans le dos », avait aussitôt réagi Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères, qui avait largement contribué au lancement du projet lorsqu’il était ministre de la défense, sous la présidence Hollande.

Indignation surjouée

Lire aussi Serge Halimi, « Un empire qui ne désarme pas », Le Monde diplomatique, octobre 2021.

Beaucoup a été dit, y compris bien sûr dans Le Monde diplomatique, sur cet « empire qui ne désarme pas » : « De America First à America Back, il y a une constante : les imprécations en moins, l’efficacité en plus ! », écrit de son côté notre confrère Nicolas Gros-Verheyde, de B2, pour qui la politique de l’administration Biden ne diffère pas sensiblement de celle menée par l’administration Trump : « L’Amérique entend rester leader dans le monde, et les Alliés suivent : la mise en place du retrait d’Afghanistan l’avait montré, le partenariat AUKUS le confirme ». Cette alliance militaire antichinoise pilotée depuis Washington, à l’en croire, ne se limitera pas aux sous-marins, et pourrait même s’étendre à d’autres pays, devenant une sorte « d’OTAN du Pacifique ».

La crise diplomatique — avec à Paris des réactions très amères et un rappel inhabituel des ambassadeurs en Australie et aux États-Unis — n’aura duré officiellement qu’une semaine, les parties en cause, notamment française et américaine, s’efforçant de faire baisser la pression. À Paris, une…

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Auteur: Philippe Leymarie