Crise franco-britannique, le choix de la surenchère

Éditorial de décembre 2021

La France et le Royaume-Uni s’écharpaient déjà depuis plusieurs semaines sur le dossier socialement épineux des licences de pêche. Le sujet migratoire, revenu sur la table fin novembre, a envenimé davantage les rapports tendus entre nos deux pays. L’un et l’autre n’ont pourtant aucun intérêt au pourrissement de la situation. Le Royaume-Uni parce qu’il a besoin de stabiliser ses rapports diplomatiques et commerciaux post-Brexit avec ses voisins européens, la France parce qu’elle ne bénéficie, malgré les illusions nourries en ce sens, que d’un soutien timide de l’Union européenne sur des questions où le droit n’est pas nécessairement de son côté.

Retour aux faits. En 2020, l’UE a négocié au nom de tous ses États membres un accord portant sur les droits de pêche dans les eaux territoriales britanniques. L’acte en question a mis en place un système temporaire de reconduction des autorisations délivrées avant le Brexit. Ainsi, les pêcheurs en mesure de se prévaloir d’un accès aux eaux britanniques entre 2012 et 2016 pourront poursuivre leur activité jusqu’en 2026 après obtention d’une licence. Les États de l’UE et en particulier la France, première concernée, en ressortent bénéficiaires… sur le papier. Dans les faits, l’accord instaure une procédure qui exclut une part mineure des navires de pêche français. Environ 150 petits pêcheurs, qui ne pratiquaient pas l’enregistrement préalable de leur bateau, sont aujourd’hui dans l’incapacité de prouver qu’ils pêchaient dans la zone britannique pendant la période de référence. Le gouvernement français, qui n’a pas anticipé cette difficulté, a recherché l’appui de ses partenaires européens et de Bruxelles mais n’a reçu que des réponses neutres. Il y a un mois, l’Allemagne avait déjà renvoyé dos-à-dos les deux protagonistes en leur demandant de « clarifier les questions spécifiques liées à cette affaire » et, mercredi dernier, le commissaire européen à l’environnement et à la pêche a poliment enjoint les parties à trouver un terrain d’entente d’ici le 10 décembre alors que Paris espérait une implication « plus active » de la Commission. On pourra bien sûr tenir rigueur à Londres de manquer de flexibilité dans l’application de l’accord sur les licences de pêche mais difficile de ne pas y voir la réponse du berger à la bergère, la dureté des positions françaises pendant les négociations du Brexit n’étant pas passée inaperçue…

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Auteur: Pierre-Henri Paulet