Étienne Léopold Trouvelo. — « Éclipse totale du soleil », 1881-1882.
Des orthopédistes de l’hôpital Georges Pompidou obligés, faute de moyens, de bricoler des fémurs avec des broches de tibias jusqu’à l’élection de Braun-Pivet par des individus auto-maintenus ministres-députés (sans le secours de Schrödinger) : le même arc d’une crise. Totale.
On n’imagine pas combien le processus de destruction d’une société peut être rapide sitôt qu’elle est aux mains d’une clique où se mêlent pervers et imbéciles. Logiquement, le processus de destruction qui a d’abord été visible dans la sphère matérielle, avec l’explosion de la pauvreté et la démolition méthodique des services publics, finit par gagner les étages supérieurs, celui des institutions politiques, quand le corps social, exprimant électoralement son refus, produit une donne parlementaire-gouvernementale qui envoie le régime entier en erreur-système.
Lire aussi Bruno Amable, « La grande désillusion politique », Le Monde diplomatique, août 2024.
Épiphénomène d’une crise en première instance matérielle, la crise politique en cristallise toutes les contradictions en le lieu où elles sont normalement accommodées — et où visiblement elles ne peuvent plus l’être. La crise devient totale en ce moment précis où plus aucune des institutions, plus aucune des médiations, n’est capable de reprendre des tensions économiques et sociales excédant maintenant leur pouvoir d’accommodation : ni la médiation proprement politique, ni la médiation médiatique, ni la médiation syndicale ne sont plus à la hauteur de leur travail de « régulation » du cours de la vie collective. La phénoménale formation d’énergie politique, enragée, est maintenant privée de toute solution de reprise institutionnelle. La nature ayant horreur du vide, cette énergie ne s’évaporera pas : elle se trouvera…
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Auteur: Frédéric Lordon