Croix gammée sur le Tibet (recension) — André LACROIX

C’est un petit livre de 110 pages (1) qui risque de provoquer quelques remous dans les milieux de la tibétologie hexagonale, spécialement au sein de l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) dont quatre représentantes éminentes, à savoir Françoise Robin, Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille et Heather Stoddard, sont ici accusées ni plus ni moins de révisionnisme historique, voire de négationnisme.

L’auteur de l’ouvrage n’est autre que le chercheur Albert Ettinger, dont les habitués du site ont déjà pu apprécier la riche documentation et la rigueur intellectuelle (2). Outre son ouverture d’esprit et sa parfaite connaissance notamment du français et de l’anglais, le Luxembourgeois Ettinger, par sa maîtrise de l’allemand, est en prise directe sur le monde germanophone, largement snobé par l’intelligentsia française. Son dernier opus est d’ailleurs la version française, légèrement actualisée par rapport à l’édition originale en langue allemande (3). Parmi les auteurs qu’il cite abondamment on trouve les noms de Wolfgang Kaufmann (4), Gerald Lehner (5), Peter Meier-Hüsing (6) ou Michael H. Kater (7), dont notre quatuor parisien n’a peut-être jamais entendu parler. Se pourrait-il qu’elles n’aient jamais vu non plus les documents photographiques reproduits dans le livre, pour la plupart extraits des Archives fédérales allemandes ?

Dans leur « réponse sur les liens entre le dalaï-lama et les nazis » publiée dans Libération du 06/05/2008 (8), les dignes représentantes de l’INALCO n’hésitent pas à traiter de « théorie du complot » la mise en lumière des liens d’amitié pourtant évidents entre l’Allemagne nazie et les dignitaires tibétains, parmi lesquels Reting Rinpoche, qui fut régent du Tibet de 1934 à 1941, et … le 14e dalaï-lama, né en 1935, icône du « monde libre » et Prix Nobel de la Paix.

Par un tour de passe-passe intellectuel, elles nient purement et simplement le caractère nazi de l’expédition allemande de 1938-1939 au Tibet en la présentant comme purement scientifique et en ne voulant voir en son chef, le Sturmbannführer Ernst Schäfer, qu’ « un brillant zoologue et chercheur allemand » alors qu’il était un SS de la première heure. Entré dans l’organisation le 1er novembre 1933, donc peu après la prise de pouvoir d’Hitler, il s’est engagé par écrit à mener sa mission « dans l’esprit de la Schutzstaffel et du Reichsführer SS » et à transmettre ses résultats scientifiques à l’Ahnenerbe de…

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Auteur: André LACROIX Le grand soir