Cuba ne les intéresse pas

Éditorial d’août 2022.

Vendredi 5 août à Cuba. La soirée aurait pu être douce mais le temps a tourné à l’orage. Il est environ 19 heures quand l’entrepôt pétrolier de Matanzas (à 100 km à l’est de la Havane) est touché par la foudre. Celle-ci s’est abattue sur le réservoir de stockage de brut 52, entraînant un incendie qui ne cesse de croître depuis cinq jours. Il contenait 26 000 mètres cubes de carburant et était plein à 50 %. Désormais, quatre des huit réacteurs sont partis en fumée.

Cinq jours que les pompiers cubains font face à ce drame, en tentant de juguler tant bien que même les flammes voraces. Au moins une vingtaine d’entre eux sont portés disparus, et un est décédé. Cent vingt-deux personnes sont blessées dont cinq dans un état critique. L’épaisse fumée qui s’échappe du site laisse craindre des répercussions à la fois sanitaires et écologiques.

Cinq jours et les médias occidentaux, en particulier français, ont visiblement oublié l’existence de cette petite île qui a forcé la porte de l’Histoire dès le début des années 50 (on retient généralement la date du 26 juillet 1953, où une centaine de guérilleros, dont les frères Castro, ont attaqué la caserne de Moncada à Santiago de Cuba).

« Je ne vois rien à la télé », me lance ma mère. Le mutisme de nos grandes chaînes lui apparaît incroyable, surtout quand je lui envoie des photographies du brasier qui perce le ciel. Elle se dit surprise. Pas moi. Cuba ne les intéresse pas. D’autres actualités internationales tragiques : Israël et la Palestine, Taïwan et la Chine, ont eu leur trois petites minutes de visibilité sur le petit écran. C’est peu. Trop peu, au regard des morts pour le premier conflit, et des craintes générées par le second. Et puis, des incendies ravagent l’ensemble de l’Hexagone, laissant présager des futures années calamiteuses au niveau climatique, pour nous Français comme pour le reste du monde.

Que l’incendie à Cuba ne fasse pas la Une de tous les journaux français est logique. Mais sa totale absence dans les informations depuis cinq jours reste choquante, car un incendie chez son voisin étatsunien trouve toujours une petite place, aussi minime soit-elle, dans la hiérarchie des informations télévisuelles. Les hommes et femmes politiques qui se sont fendus d’un message de solidarité se comptent également sur les doigts d’une main : Jean-Pierre Bel (ancien président du Sénat et ancien envoyé personnel du Président de la République…

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Auteur: Ella Micheletti