Cuisines solidaires, restaurants populaires : le Brésil cherche des alternatives face à la faim

« Les enfants qu’on accueille ici sont nombreux à être en situation de dénutrition », témoigne Simone Rego, une institutrice brésilienne à la tête d’un petit centre socioculturel autogéré de la périphérie de São Paulo, l’Academia Carolinas. Plusieurs fois par semaine, les enfants du quartier viennent après l’école participer à des activités ludiques, du soutien scolaire, mais surtout, bénéficier de repas gratuits. « Donner accès à des repas sains et équilibrés est notre action principale. Ces enfants viennent de familles nombreuses, des fratries de trois ou quatre enfants, parfois jusqu’à dix et à la maison, où il n’y a pas assez à manger pour tout le monde. Quand on les observe manger avec avidité, puis demander ensuite s’ils peuvent emporter quelque chose pour leurs frères et sœurs à la maison, ça en dit long sur ce que vivent les familles ici », continue-t-elle.

Le « retour de la faim », c’est 33 millions de personnes qui sont en insécurité alimentaire grave

Aux confins de l’immense zone métropolitaine, à plus de deux heures de transport du centre, Cidade Tiradentes est l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale économique du Brésil. Près de 80 % des habitations qui entourent l’Academia Carolinas, installée dans une ancienne cafétéria, sont des baraques en bois construites illégalement, où il n’y a pas d’accès à l’eau courante. Le ruisseau attenant sert d’égout et l’électricité arrive par des branchements artisanaux qui provoquent parfois des incendies. Mais surtout, pratiquement aucun service public ne fonctionne dans ces zones informelles et surpeuplées. Une réalité semblable à ce que vivent des millions de Brésiliens partout dans le pays.

« La pandémie a désorganisé les quelques services publics présents, les gens ont perdu leur emploi. Pour accéder aux aides d’urgence, il faut être capable de savoir lire, avoir internet, une adresse officielle, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de gens ici », raconte Simone Rego, qui est d’abord allée avec quelques volontaires porter assistance aux familles qui se retrouvaient privées de ressources et sans savoir comment faire seules leur demande d’aides sociales. Témoin de la misère de celles-ci, elle ouvre alors, il y a un an et demi, un lieu pour les jeunes, un « refuge » selon elle contre la violence du quotidien.

Le « retour de la faim » accentué par la crise sanitaire

Aujourd’hui, d’après le Réseau brésilien de recherches sur la souveraineté et…

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Auteur: Mathilde Dorcadie