Culture : la sélection du mois de Reporterre

LIVRES

Nous ne sommes pas seuls

Dans cet essai stimulant, les deux jeunes autrice et auteur nous invitent à décentrer le regard dans nos luttes et à quitter toute forme d’anthropocentrisme. Face aux ravages causés par le capitalisme, nous ne sommes pas les uniques acteurs du changement que nous souhaitons voir advenir. « Des alliances terrestres » doivent se tisser avec les espèces végétales et animales, écrivent-ils. Certaines ont déjà court.

En Argentine, des paysans disséminent des graines d’amarante dans les monocultures d’OGM pour saboter les rendements. En France, à Orléans, face à un projet de route qui traverserait la Loire, des naturalistes aident à installer un couple de balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) en lieu et place du chantier pour bloquer les travaux. En Asie centrale, des communautés kirghizes se libèrent de la mainmise de l’État en greffant en secret une forêt fruitière et en reprenant en main leurs moyens de subsistance. « Nos alliés sont multiformes, considérablement plus nombreux et divers que ce que notre imagination laisse entrevoir. Il s’agit non pas de les fantasmer mais d’apprendre à mieux les connaître, à les rencontrer, à les défendre, à les amplifier et à les associer à nos combats. » En clair, nos soulèvements doivent devenir « terrestres », estiment l’autrice et l’auteur pour ouvrir enfin la voie à un « communisme interspécifique ». Vivants de toutes les espèces, unissez-vous !

Nous ne sommes pas seuls, politique des soulèvements terrestres, de Léna Balaud et Antoine Chopot, aux éditions du Seuil, mars 2021, 432 p., 21,50 euros.

Le sens de la merveille

En France, les lecteurs connaissent surtout Rachel Carson pour son livre pionnier écrit en 1962, Printemps silencieux, qui avait participé à la naissance outre-Atlantique du mouvement écologiste. La biologiste alertait, alors, sur les conséquences du pesticide DDT et ses réactions en chaîne pour la faune, les insectes et les oiseaux. Elle dénonçait le poids des lobbies de l’industrie chimique, leur mensonge et leur violence. Dans Le sens de la merveille, un nouveau recueil de textes récemment publié en français, on découvre une autre Rachel Carson, pas seulement une vulgarisatrice scientifique mais une amoureuse de la nature, passionnée, sensible.

On avance dans ce recueil comme dans un paysage pour contempler le monde et son spectacle. La biologiste se fait poète, elle admire la mer et les étoiles, décrit les interactions entre les espèces et leur…

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Auteur: Reporterre