Les vieillards qui cherchent la présence ne trouveront rien s’ils perdent l’histoire en route. Elle n’a jamais autant imprégné. Toute chose dans les limites de la biosphère et un peu en-deçà, et un peu au-delà, pue l’humain, est malade de l’humain.
Ceux qui cherchent le lieu devraient aussi aller au bout de leur « ouvert ». Alors ils verraient l’horreur du lieu humanisé en face. Mais, sagement, il y a du vieillard chez leurs jeunes flâneurs, ils s’arrêtent. La poésie sénile qu’ils traînent égrène ce qui reste, par petites touches digérables — quand l’enfer objectif est devant. Leur attitude est ancienne, elle est logique. Ce qu’il y a de contemporain en nous doit vivre le trauma de l’avenir — et ce n’est pas la promesse d’un prêtre. Il n’y a pas de clergé pour nous purifier de ce que nous provoquons maintenant, et de sa suite. C’est à nous de nous détacher d’une floppée de valeurs mortelles, qui sont l’aliment de la course vers le feu.
Nous avons bien des crasses sur l’œil : assimiler ce qui tue au mal et ce qui protège la vie au bien, par exemple. Or la biosphère est infectée par nous, la vie se tue à travers nous, et par nous se protège la vie qui détruit la vie.
Le jeu réel de mort et vie est devenu insupportable à la conscience. C’est assumer une totalité du jeu qui manque à notre équilibre. Et de notre équilibre celui de quarante mille kilomètres de circonférence, lourds d’espèces, et poreux aux étoiles.
Faiseur de signes, un poète remonte le signe, jusqu’où il trempe : il pèse l’humain en pesant tout le signe. Et non seulement le signe aujourd’hui est trop lourd mais il n’est plus innocent du déséquilibre mortel.
La vie déteste regarder, elle s’extirpe, lutte, s’affirme, elle est déséquilibre réel sous équilibre apparent.
Maintenant elle n’a que ce choix-là par nous, regarder, d’un regard qu’elle hait, c’est là son…
Auteur: dev