Dans des vergers provençaux et andalous, ouvriers saisonniers maltraités et suspicion de travail forcé

Cinq toilettes dans un état d’extrême saleté, pas assez de sanitaires pour tout le monde, eaux usées coulant sous les bungalows… Au printemps et à l’été 2020, les conditions de logement des travailleurs de l’EARL Racamier, située dans la plaine de la Crau (Bouches-du-Rhône), ont fait l’objet d’une surveillance accrue dans le contexte de crise sanitaire et de la découverte de foyers d’infection de Covid-19. Des inspecteurs du travail se sont rendus sur les lieux, visitant les hébergements dans lesquels logeaient les travailleurs de cette exploitation qui produit 9000 tonnes de pêches et 1200 tonnes d’abricots par an. Les conditions de logement y étaient telles que la préfecture a ordonné la fermeture de quatre de ces bungalows le 10 juin 2020.


Extrait de l’arrêté préfectoral du 10 juin 2020 portant sur les conditions de logement des travailleurs agricoles à l’EARL Racamier. Cliquez sur l’image pour lire l’intégralité de l’arrêté.

Une travailleuse paraguayenne nous a dit, quand nous l’avons rencontrée en août dernier, être repartie le jour même de son arrivée : « Mon matelas était plein d’urine, de tâches de sang et de matières fécales. J’ai dû le désinfecter et mettre trois draps pour pouvoir dormir dessus. » Patrick Racamier, le propriétaire des lieux, n’a pas voulu nous donner le nombre exact de travailleuses et travailleurs qu’il embauche chaque année. Selon nos estimations, ils et elles seraient entre 300 et 400, originaires d’Amérique latine et du Maroc, à assurer la récolte chaque été.

« Mon matelas était plein d’urine, de tâches de sang et de matières fécales. J’ai dû le désinfecter »

Malgré ces faits, l’EARL Racamier a été certifiée par le label agro-alimentaire Global G.A.P. – pourtant censé garantir, entre autres, des conditions de travail dignes (voir le premier épisode de notre enquête) – et ne manque pas de le mentionner sur son site internet. Ses pêches, nectarines et abricots continuent d’être vendues en France et en Europe. Comment des entreprises avec de telles conditions d’hébergement pour ses employés saisonniers peuvent-elles continuer à recevoir des certifications d’un label international censé assurer de « bonnes pratiques agricoles » ?

Sollicitée par Basta !, Global G.A.P. ne nous a pas répondu sur les différentes situations des exploitations agricoles exposées. L’entreprise nous renvoie à leur réglementation interne dans laquelle il est indiqué que « la suspension [de la certification,…

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Auteur: Hélène Servel, Pascale Müller