Dans la Drôme, une coopérative fait fructifier les semences paysannes

Bourg-Lès-Valence (Drôme)

En périphérie de Valence, dans la vallée du Rhône, une demi-douzaine de personnes agenouillées, les mains dans la terre, travaillent sous un soleil de plomb. Le bruit des voitures porté par le mistral rappelle que les grands axes routiers (la nationale 7 et l’A7) ne sont qu’à quelques kilomètres. En ce mois de juin, le travail aux champs est particulièrement intense pour les artisans semenciers de Jardin’enVie. La jeune équipe se donne pour objectif de mettre en terre, chaque jour, de 2 à 3 000 plants de tomates, courgettes et concombres sur 2 hectares. Leur but ? Produire en grande quantité des variétés paysannes et fournir des épiceries, des restaurants et des particuliers toute l’année en semences, plants, fleurs, légumes et fruits issus de semences ou boutures de première génération, sans utiliser de pesticides. Le tout directement vendu à la ferme.

« Tout a commencé par des essais dans une quarantaine de jardins de militants anti-OGM, raconte Éric Marchand, cogérant de la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Jardin’enVie. Au début des années 2000, nous étions inquiets de voir notre agriculture se tourner vers un modèle destructeur du vivant, mettant au second plan la qualité nutritive et gustative des fruits et des légumes. Nous avons donc comparé les variétés paysannes avec les conventionnelles. En adaptant nos méthodes de production, les résultats des semences paysannes ont largement dépassé ceux des graines conventionnelles. C’est pourquoi on a décidé de commencer la vente de nos produits en 2017 en créant une Scop. »

Éric Marchand devant une plantation de seigle qui servira à faire de l’engrais vert.

Petit-fils de paysan, Éric Marchand est donc parti à la recherche des graines oubliées, qu’il considérait comme un patrimoine en danger. Il lui aura fallu quinze années d’apprentissage et d’observation pour qu’il décide d’en faire un métier. « Le plus dur n’a pas été de développer des semences adaptées au territoire et au climat, cela peut se faire assez vite, mais de reconstituer les savoir-faire qui vont avec ces variétés paysannes. » L’ancien développeur de logiciels libres compare cette perte de connaissances autour des graines à celle d’autres savoirs populaires, « comme cuisiner, coudre, s’orienter sur une carte, réparer un vélo, des choses qui n’ont plus été transmises pendant au moins deux générations ».

Désormais, au plus gros de la saison estivale, les neuf salariés…

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Auteur: Estelle Pereira Reporterre