Dans la Drôme, Vinci veut saccager des terres agricoles

Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme)

Les vignes et les céréales de cette famille d’agriculteurs drômois côtoient l’autoroute. En 1968, l’extension de l’A7 a divisé leurs terres en deux parties. Jean-Louis Hugues avait 27 ans. Depuis, le bruit des véhicules et les odeurs des gaz d’échappement accompagnent le travail des cultivateurs.

Le fils, Denis, est désormais en charge de l’exploitation. Pour passer d’un côté à l’autre de ses terres, il doit emprunter une petite route, régulièrement inondée, sous le pont de l’autoroute.

Depuis plusieurs années, des rumeurs courent sur la construction d’une sortie d’autoroute entre Bollène et Montélimar, à Saint-Paul-Trois-Châteaux. « On n’y croyait pas, se rappelle Solange Hugues, la mère de Denis. Les deux sorties sont espacées de 21 kilomètres seulement. » À l’hiver 2020, Vinci a lancé une concertation.

La sortie d’autoroute serait placée sur une parcelle cultivée et l’une des rares irriguées appartenant à la famille Hugues. Enclavés entre l’autoroute A7, les bretelles du nouvel échangeur et le péage, vingt hectares de leurs terres deviendraient inexploitables. L’équivalent de 28 terrains de foot. La famille perdrait ainsi plus de 50 % de la superficie de son exploitation de 35 hectares. 

Cinq générations dans une vallée en pleine artificialisation

La famille Hugues cultive vignes, semences et lavandin depuis cinq générations. Depuis cinq générations, ses membres observent le bétonnage de la vallée du Rhône et subissent l’artificialisation des sols. En 1948, le canal de dérivation Donzère-Mondragon amputait une partie de leurs terres. Puis vint l’autoroute en 1968.

Dans les années 80, la centrale nucléaire du Tricastin a transformé le paysage économique de la région. Il y a un an, l’extension d’une zone d’activités les a privé de 14 hectares. Désormais, le projet d’échangeur met en péril la pérennité de leur exploitation. 

Leur maison, une ancienne bâtisse de pierre au style provençal achetée par la famille dans les années 30, est attenante à leurs champs. C’est ici qu’ils vivent et stockent leur matériel agricole. Assise à la table de sa cuisine, Solange lance un regard par la fenêtre : « Si le projet a lieu, la ferme ne va plus ressembler à rien. » Aucune compensation financière ne pourra arranger leur situation. « Il n’y a plus de terres par ici, tout disparaît », regrette Denis. 

« Ils font comme si tout était déjà joué

La famille d’agriculteurs n’a…

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Auteur: Reporterre