Dans la forêt des Vosges, nous avons écouté la symphonie de la nuit

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’une ou d’un passionné.

Pour plus d’immersion, lisez la balade en compagnie du son du crépuscule, enregistré par Marc Namblard au printemps 2020 :

Mortagne (Vosges), reportage

Il est 17 heures en cette mi-octobre. Nous atteignons le Bout du Monde. Le ciel est nuageux, l’air très doux, les feuilles déjà teintées de rouge ou marbrées de jaune. Verrons-nous les hôtes nocturnes de ces bois ? « En forêt, on entend d’abord les animaux avant de les voir. » Ça tombe bien, ouvrir les oreilles, c’est la spécialité de Marc Namblard depuis qu’il est tout gamin. Ce Vosgien d’adoption écoute la nature à l’aide de micros montés sur des perches ou dissimulés dans des « pièges à sons ». Il en a fait son métier : audionaturaliste. Ses enregistrements servent à la création sonore de films et de documentaires. Il a ainsi participé au film La panthère des neiges de Vincent Munier, un autre Vosgien.

 

Le Bout du Monde… C’est le nom du vallon vosgien que notre guide veut nous faire découvrir. Dans à peine trois heures, la nuit sera complètement tombée sur le petit village de Mortagne. « Voyez, un cerf est passé par ici. » Marc Namblard désigne l’empreinte des deux sabots dans la terre humide. De ce bout de forêt, il connaît chaque recoin : « C’est un vallon un peu oublié que je fréquente assidûment depuis de nombreuses années. » 

La fougère y prend ses aises, la mousse profite des zones plus fraîches. Le sapin pectiné côtoie l’épicéa, le hêtre et le bouleau. « On distingue encore les traces de la tempête de 1999 », souligne Marc devant les arbres couchés au sol et les « chandelles », ces troncs secs et creux toujours sur pied. Si ces chandelles-là ne sont guère utiles au promeneur noctambule, elles sont un bien précieux pour la faune. Abris et garde-manger pour les oiseaux, elles servent de matière organique pour les insectes et aussi de support à une grande variété de champignons.

« Qui dit chandelles, dit pics… » En effet, de gros trous légèrement ovales incrustent les plus grandes. Ils ont été creusés à grands coups de bec par le pic noir. « Et qui dit pics, dit chouettes ! » se réjouit Marc. Le pic noir joue un rôle capital, car ses cavités, qu’il n’utilise qu’une année, servent ensuite de gîte à de nombreuses espèces, en particulier aux petites chouettes….

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Auteur: Fabienne Loiseau Reporterre