Dans la verte vallée de Gilles Clément

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’un passionné, qui nous explique.


La Vallée, Crozant (Creuse), reportage

Est-ce parce qu’on s’est égaré en route et qu’on pensait ne jamais arriver ? Quand on l’aperçoit enfin, la maison de Gilles Clément, blottie au creux de « La Vallée », comme il appelle son domaine de Crozant, semble tout droit sortie d’un conte. La chaumière des trois ours de Boucle d’Or, toute de pierre de taille et de bardeaux de bois, nichée dans l’exubérance verte de la pelouse, des buissons et du rideau d’arbres en toile de fond. Même le ciel gris et la pluie qui tombe dru n’arrivent pas à chagriner cette explosion de verdure.

À la fois ingénieur horticole, botaniste, paysagiste ou « jardinier », comme il aime se faire appeler, mais également enseignant à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles et titulaire de la chaire de la création artistique au Collège de France, Gilles Clément a profondément renouvelé la réflexion sur la création de jardins et de paysages, en apportant un regard nouveau sur la nature et sa dynamique. Il est l’auteur de nombreux jardins, tels celui du Quai Branly, le parc André Citroën, ou dernièrement le toit de la base sous-marine de Saint-Nazaire.

La demeure de Gilles Clément. © Mathieu Génon/Reporterre

Il s’est installé dans son domaine de Crozant en 1977, mais son histoire d’amour avec la Creuse remonte à bien plus tôt. « Mes parents avaient une maison à un kilomètre. Je venais me promener à cet endroit quand j’avais cinq ou six ans. Je l’appelais la vallée du papillon, parce qu’il y avait beaucoup d’insectes », raconte-t-il à Reporterre de sa voix grave et lente, couvrant le crépitement des gouttes sur son immense parapluie. C’est en cherchant un endroit où cultiver son jardin qu’il a jeté son dévolu sur ce petit vallon, abandonné depuis une quinzaine d’années. « Ce qui m’a plu, c’est d’y voir des insectes et des papillons que je n’avais jamais vu ailleurs. Ensuite, il offre deux versants dont l’un protégé du vent du nord, où peuvent s’abriter les animaux. » Ajoutez à cela des hauteurs plutôt sèches et un fond de vallon granitique à l’humidité permanente, et vous bénéficiez d’une série de « micro-micro-biotopes où peuvent croître des plantes d’exigences climatiques différentes », apprécie-t-il : « Cohabitent là en…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre