Dans le Beaujolais, les enfants cernés par les pesticides

Beaujolais (Rhône), reportage

Les cris des enfants sortant de l’école résonnent dans le calme du village. Derrière les bâtiments, les vignes finissent de perdre leurs feuilles roussies par l’automne. À Fleurie, tant les fenêtres qu’une partie de la cour de récréation donnent sur les vignobles de ce cru du beaujolais. Un paysage bucolique séduisant. Mais plus inquiétant quand arrive la saison des épandages.

« Ici, beaucoup d’écoles sont enclavées dans les vignes », souligne Mathieu Chastagnol, militant de l’association Nous voulons des coquelicots Val de Saône-Beaujolais. Avec son collègue Michel Faure, voici un an qu’ils ont commencé à s’intéresser au sujet. Ils ont parcouru les collines du Beaujolais, recouvertes de rangées de ceps cernant les villages parsemés.

À Romanèche-Thorins, seule une route sépare l’école des vignes. À Saint-Lager, les fenêtres ouvrent sur un magnifique paysage viticole. À Lancié, la parcelle qui donnait sur la cour de récréation de la maternelle a été récemment arrachée. Une haie et un parking mettent désormais une dizaine de mètres entre les plus proches ceps. Au Perréon, les élèves peuvent compter les rangs sans difficulté par les fenêtres des salles de classe.

Des vignes dans le Beaujolais. © Marie Astier/Reporterre

Autant de lieux où les enfants sont potentiellement exposés quand les pesticides sont épandus sur les vignes. « Et dans les écoles, il n’y a pas de protocole pour la protection des enfants », assure Michel Faure. Aucune instruction pour fermer les fenêtres ou rentrer les écoliers en récré quand les épandeurs sont de sortie. L’instituteur à la retraite l’a lui-même constaté. « Là où j’enseignais, un maraîcher avait un champ à côté de l’école et faisait des traitements, alors que le vent était dans le mauvais sens. » Une expérience qui lui a mis la puce à l’oreille : il s’est alors demandé ce qu’il en était dans le Beaujolais voisin. Ses connaissances dans le milieu enseignant lui ont permis de mener l’enquête.

Un terrain de foot près des vignes, dans le Beaujolais. © DR

« Ma classe donnait sur une parcelle de vignes »

Il nous met en contact avec Isabelle, une institutrice qui préfère rester anonyme. « Quand j’ai commencé à travailler dans le Beaujolais, ma classe donnait sur une parcelle de vignes, se souvient-elle. En septembre, c’est amusant, il y a les vendanges. Mais quand ils commencent à traiter, c’est moins drôle. J’ai d’abord cru que c’était…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre