Dans le désert du Néguev, Israël expulse les Bédouins pour planter des forêts

Désert du Néguev (Israël), reportage

En Israël, le désert du Néguev est en ébullition : des tentes de rassemblement ont été déployées à proximité de plusieurs villages où les sit-in se multiplient, drainant des manifestants et une forte présence policière. Des dizaines de personnes ont été arrêtées, dont nombre de mineurs, et plusieurs ont été gravement blessées.

Des rassemblements de soutien ont eu lieu dans plusieurs villes palestiniennes et à Jérusalem, et une campagne se déploie sur les réseaux sociaux sous le hashtag #SaveAlNaqab (Sauvez le Naqab, du nom donné au Néguev en arabe).

© Gaëlle Sutton/Reporterre

À l’origine du conflit : des arbres. Les communautés locales se mobilisent contre un plan d’afforestation mené par l’État dans le nord du Néguev, une zone semi-aride qui reçoit 250 mm de pluie par an en moyenne. Le projet est mis en œuvre par le Keren Kayemet LeIsrael (KKL), la branche israélienne du Fonds national juif (FNJ), un fonds privé qui gère la plupart des forêts en Israël.

Mais les terres qui lui ont été confiées sont revendiquées, cultivées et habitées depuis des décennies par les Bédouins, une minorité arabe parmi les plus marginalisées du pays. Depuis des années, ils dénoncent la spoliation de leurs terres, menée selon eux au nom de la lutte contre la désertification, un discours environnemental qu’ils qualifient de « greenwashing » (écoblanchiment).

Ambassadeurs et expulsions

La mobilisation en cours s’inscrit dans des décennies de lutte contre l’afforestation. L’un de ses emblèmes est le village d’al-Araqib, que les habitants disent avoir fondé en 1905, lors de la période de domination ottomane, mais dont les titres de propriété ne sont pas reconnus par l’État israélien. En 2005, une première forêt plantée aux abords du village était inaugurée en présence de dizaines d’ambassadeurs étrangers. En 2010, les bulldozers sont arrivés cette fois-ci dans le village et les habitants ont été sommés de quitter les lieux pour laisser place aux arbres.

Du village d’Al-Araqib, il ne reste qu’une tente, après des dizaines de démolitions. © Lyse Mauvais / Reporterre

« Ils ont déraciné nos arbres — des oliviers, des caroubiers — pour nous forcer à partir, ils ont détruit nos étables et nos maisons, ils ont confisqué nos machines », raconte le cheikh Sayah at-Turri, un chef local. Les maisons ont été démolies, remplacées par des abris de fortune eux-mêmes démantelés près de 200 fois. Des démolitions…

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Auteur: Reporterre