En cet après-midi d’hiver, la plage de Léhan à Treffiagat, petite commune du Finistère sud comptant 2 400 personnes, est presque déserte. Pourtant, c’est bien ici que se joue un scénario pour l’instant unique en France : juste derrière la dune se trouvent sept maisons qui devraient bientôt être détruites pour éviter une éventuelle submersion marine. « C’est un peu comme si on donnait un top départ, comme si ce projet de démolition attestait d’un nouveau cycle où l’homme va devoir reculer dans les terres », songe Georges*, rare promeneur dont le vent cingle les joues rougies par le froid.
Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé.
Treffiagat est donc la première à passer à l’acte, il faut dire que la configuration des lieux est spécifique. Ici, le littoral fait partie d’un cordon dunaire avec, à l’arrière, d’anciens marais asséchés et aujourd’hui en partie urbanisés. L’endroit est depuis longtemps assailli par les vagues. Mais, avec le réchauffement climatique et l’érosion côtière, la menace devient de plus en plus forte. D’ailleurs, la plage de Léhan porte les stigmates des nombreux essais pour contrer le phénomène : plantation d’oyats, installation de pieux ou encore enrochements. En dix ans, les différentes tentatives ont coûté 1 million d’euros à la mairie.
Dès qu’il y a une tempête, j’angoisse en me demandant si la dune va tenir.
La maire
Et pourtant, malgré ces efforts, les inquiétudes persistent. « Dès qu’il y a une tempête, j’angoisse en me demandant si la dune va tenir », confie Nathalie Carrot-Tanneau, la maire de la commune. « En 2023, au moment de la tempête Ciaran, des habitants ont été évacués parce qu’on n’avait pas la certitude que…
Auteur: Marie Roy