Dans le Gers, une zad fait de l'ombre à des panneaux solaires

Haget (Gers), reportage

Sur les coteaux d’Haget, au sommet d’une petite colline entourée d’arbustes, une silhouette noire assise sur une chaise, capuche sur la tête et lunettes fumées, guette l’horizon. « Bienvenue à la zad de l’Orchidée ! »

C’est ici que les opposants à un projet de parc photovoltaïque ont décidé d’installer leurs barricades et leurs cabanes depuis le mois de septembre. C’est également ici qu’est prévue l’implantation de 15 000 panneaux solaires.

Ce projet, en gestation depuis plus de dix ans, suscite la mobilisation de nombreuses personnes de la commune et des alentours. « C’est une lutte importante », déclare Y. à travers son cache-cou. Il siège sur la colline pour avertir ses camarades d’une éventuelle arrivée de la police.

« De plus en plus de terres agricoles sont artificialisées dans la région pour installer des parcs photovoltaïques, explique-t-il. « On veut résister ici à Haget, et insuffler un vent de révolte contre tous ces projets qui détruisent l’environnement au nom de la transition énergétique. »

Derrière la barricade, Y. fait la visite de la zad. Des cabanes en construction, une marmite sur le feu et quelques poireaux gisent dans un espace qui semble être la cuisine collective. Les autres militants, prévenus de l’arrivée d’un journaliste, portent également des tissus noirs pour se couvrir le visage. « Les voitures et les hélicoptères de la police passaient quasiment tous les jours au début de l’occupation », se souvient Y. derrière ses lunettes teintées.

Les militants écologistes vivent ainsi en communauté sur ces terres destinées à accueillir 15 000 panneaux solaires. « Des gens restent, d’autres partent, il y a souvent du mouvement à la zad. C’est un espace à l’écart du monde capitaliste où on essaye de déconstruire les mécanismes de domination qu’on retrouve dans notre société », poursuit-il. « La lutte qui se mène ici est symbolique, on ne résiste pas seulement contre ce projet, mais contre tout un modèle qu’on nous impose et qui détruit le vivant. »

Propriétaire de ce terrain vallonné de 7,6 hectares, classé Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique pour ses pelouses riches en orchidées, ses petites mares et sa faune, la mairie d’Haget a décidé de louer ce terrain à la société Cap Vert Énergie. Cette entreprise basée à Marseille qui a réalisé un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros en 2022, en progression de 50 % par rapport à l’année précédente, est spécialisée dans la mise en place de méthaniseurs, centrales hydroélectriques et panneaux solaires.

Le préfet du Gers a signé l’arrêté accordant le permis de construire…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre