Dans le marais poitevin, la guerre de l’eau fait rage


Bras de fer entre paysannerie et agro-industrie, sabotage et répression policière, tel est le bilan tumultueux du weekend du 25 mars dans le marais poitevin. Pour le sociologue Jean Viard, directeur de recherche au CNRS, il n’y a aucun doute : « On est entré dans le siècle de la bataille de l’eau ». Décryptage en images sur l’enjeu qui pèse sur l’or bleu. 

Puiser dans les nappes phréatiques pour irriguer les cultures intensives ? La fausse bonne idée de l’agro-industrie. 

Dans le Marais Poitevin, deuxième zone humide de France, les cultures intensives de céréales destinées à l’export et à l’élevage peinent à être irriguées en période estivale. Pour remédier à la pénurie, l’agro-industrie semble avoir trouvé une solution miracle : puiser l’eau depuis les nappes phréatiques et les eaux de pluies en hiver et la stocker en surface dans de gigantesques piscines. Cette eau est utilisée en été pour l’irrigation des terres agricoles lorsque la nappe phréatique est réservée aux écosystèmes naturels et l’eau potable des ménages. 

Ce sont seize bassines prévues dans le Marais poitevin qui devraient bénéficier à deux-cent-vingt exploitants réunis dans la Coop de l’eau 79 – soit moins de quatre pourcent des agriculteur·ices sur les cinq mille exploitations agricoles que compte le département des Deux-Sèvres.

Le gigantisme de ces réserves d’eau est sans appel. Ces méga-bassines peuvent contenir plusieurs centaines de milliers de mètres cubes sur des étendues de 10 hectares en moyenne. L’eau est contenue dans la bassine grâce à une bâche plastifiée reposant sur une excavation de terre d’une profondeur de 15 mètres entourée d’une digue d’environ 10 mètres de haut.

Les seize retenues coûteront environ 60 millions d’euros et seront financées à 70% par des fonds publics provenant de l’Agence de l’Eau, de la Région, de l’État, et l’Union Européenne. Pour Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau 79 et affilié au syndicat agricole FNSEA, ces bassines permettent le maintien de l’élevage dans la région, puisque les céréales irriguées servent avant tout à nourrir le bétail.

Cette solution miracle est pourtant décriée sur de multiples aspects : accaparement de l’eau au profit de l’agriculture intensive, financement des travaux par des fonds publics, perturbation du cycle de l’eau avec un risque d’assèchement des nappes phréatiques et des zones humides, conséquences…

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Auteur: Sharon Houri