Dans le monde ouvrier, des valeurs de solidarité « encore très présentes à la retraite »

À l’origine, vous vous rendiez dans le Pays de Montbéliard (Doubs) afin d’y mener une recherche sur « les usages sociaux de la forêt ». Très vite, votre enquête va finalement se concentrer sur ces anciennes et ces anciens des usines Peugeot de Sochaux, réunis au sein de la section « retraité » de la CGT. Qu’est-ce qui vous a convaincu de reformuler ainsi l’objet de votre travail ?

Nicolas Renahy

© Charlotte Krebs

D’une part, il y a la rencontre avec Christian et sa bande d’amis, des retraités de Peugeot – Bruno, Christiane, Viviane, etc. – auprès de qui il m’a introduit. D’un point de vue empirique, je me suis retrouvé happé par la dynamique sociale de ce groupe, qui est particulièrement actif : ils se voient très régulièrement, se filent des coups de main pour le bois ou divers travaux de réparation, ils font partie d’une chorale ou s’engagent dans plusieurs réseaux associatifs. Ils sont toujours très actifs au sein de la CGT et restent une véritable force motrice des luttes sociales.

D’autre part, sur un plan plus théorique, il y a le contexte de l’époque : l’enquête se déroule pendant les années de mobilisations successives contre les réformes des retraites. La toute première manif’ à laquelle je participe avec elles et eux a lieu en décembre 2019, contre le projet du gouvernement d’Édouard Philippe.

Or je réalise à ce moment-là que les thématiques portées par ces militantes et militants dans le cadre de ces mobilisations renvoient à des logiques sociales qui sont très peu étudiées par la sociologie. Il existe tout un champ de recherches qui porte principalement sur le processus de vieillissement, mais on a encore peu travaillé sur les inégalités internes au monde des retraités.

Il y a chez les sociologues le prisme des « actifs », c’est-à-dire qu’on s’intéresse avant tout aux classes sociales actives, en étudiant notamment leurs logiques de…

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Auteur: Barnabé Binctin