Dans le Morvan, des habitants luttent pour une forêt vivante

Le Vieux Dun (Nièvre), reportage

La longue file de voitures s’arrête au bout du chemin carrossable au Vieux Dun, dans la Nièvre. Les gens en descendent, portant pour beaucoup d’entre eux des petits arbres, en pot ou avec les racines nues. Une majorité de chênes, mais aussi des hêtres, des charmes… Uniquement des feuillus. Équipé de bêches et autres outils de plantation, le cortège s’avance à pied sur une piste forestière défoncée par les lourds engins, comme le sont nombre de sentiers de randonnée dans les environs. Ce samedi 16 octobre au matin, dans le cadre d’un week-end d’actions partout en France contre l’industrialisation de la forêt, environ 80 personnes ont répondu ici à l’Appel pour des forêts vivantes.

Quelques centaines de mètres plus loin, au cœur du Parc naturel régional du Morvan, nous voici arrivés dans une zone aux allures apocalyptiques. Un paysage de désolation, bouleversant comme il y en a tant d’autres dans le secteur, choquant habitants et touristes. Ici, il s’agit d’une coupe à blanc sanitaire sur 25 hectares. Les épicéas qui avaient été plantés ont été abattus au début de l’été. Tous étaient condamnés, mis à mort par un insecte ravageur : le scolyte, qui se multiplie davantage avec le réchauffement des températures. Il creuse des galeries sous l’écorce pour y pondre ses œufs, ce qui bloque la circulation de la sève et provoque le dessèchement des arbres. Les aiguilles des épicéas passent alors du vert au brun. Pour eux comme pour beaucoup d’autres, il n’y avait plus rien à faire et le bois a perdu toute sa valeur.

Le cortège arrive sur la zone de la coupe-rase de Dun-les-Places. © Roxanne Gauthier/Reporterre

Le propriétaire de la parcelle souhaite y replanter des douglas, un autre résineux à la pousse rapide qui se coupe à l’âge de 30 à 40 ans aujourd’hui, contre 70 à 80 ans il y a encore quelques années. Une culture très rentable. Après discussion avec le propriétaire, les membres d’Adret Morvan, l’association à l’initiative de cette journée d’action, ne sont pas parvenus à le faire changer d’avis. L’enrésinement des forêts du Morvan est un fléau contre lequel se bat l’association, qui milite aussi pour l’interdiction, ou la limitation, des coupes à blanc. Pour y remédier, ils replantent ce matin plus de 500 feuillus. Personne ne se fait d’illusion, ces arbres ne survivront pas non plus. Plantés trop tôt, ils ont peu de chance de survivre à la première année dans une parcelle à nue,…

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Auteur: Reporterre