Quand on parle de la Suisse on pense rarement à ses usines. Et pourtant, la Suisse reste un pays fortement industrialisé. L’industrie représente 25% de son PIB et près de 20% de ses emplois (si on y ajoute les emplois dans le secteur de la construction, on monte à plus de 30%). 32% des salarié·es travaillent dans des entreprises de plus de 250 salarié·es.
Même si les grèves restent rares, elles éclatent parfois avec force ; ainsi à la suite d’une puissante mobilisation fin 2024, le parlement a adopté une loi provisoire de soutien aux aciéries suisses, menacées de fermeture. Une mobilisation qui s’est construite en lien avec le mouvement climat. Une grève « écosocialiste » en quelque sorte.
Nous publions ici un entretien avec Matteo Pronzini, responsable au sein du syndicat suisse Unia du secteur industrie MEM et élu au Grand Conseil tessinois du Mouvement pour le socialisme (MPS). Cet entretien est d’abord paru dans le bimensuel solidaritéS édité par l’organisation du même nom.
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solidaritéS – Quelle est la situation concrète des aciéries de Stahl Gerlafingen et de Swiss Steel ?
Matteo Pronzini – En termes numériques d’abord : Stahl Gerlafingen, dans le canton de Soleure, emploie 505 travailleur·ses. Swiss Steel, à Emmenbrücke dans le canton de Lucerne, en emploie 700.
Stahl Gerlafingen avait annoncé une première restructuration au printemps 2024. L’entreprise avait annoncé vouloir fermer une ligne de production. Nous avons fait front commun entre tous les syndicats et avons d’abord essayé, avec la commission du personnel, de comprendre la situation générale du secteur de l’acier afin de proposer des solutions alternatives.
La particularité de ces deux entreprises, c’est qu’elles recyclent la plupart de l’acier de Suisse, à partir de ferraille. L’acier qui sort est donc, entre guillemets, propre. En comparaison européenne, leur production émet moins de CO₂,…
Auteur: redaction