Dans les Alpes, des chercheurs sondent les « archives des lacs » pour prévoir les crues

Les crues extrêmes qui frappent les Alpes pourraient ne plus être aussi rares. Elles arrivent habituellement une fois par siècle, mais, réchauffement climatique oblige, elles vont se multiplier dans certaines zones. C’est ce qu’a montré une équipe internationale de chercheurs animée par le scientifique français Bruno Wilhelm de l’Institut des géosciences et de l’environnement de l’Université Grenoble Alpes. Un réchauffement de 0,5 °C à 1,2 °C est associé à une réduction de 25 à 50 % de la fréquence des crues « moyennes » dans les Alpes, apprend-t-on dans leur article publié fin janvier dans Nature Geosciences. Mais sur certains « petits bassins versants de montagne », les crues « extrêmes » pourraient, à l’inverse, être plus régulières, alertent les chercheurs.

Voilà dix-sept ans que Bruno Wilhelm s’intéresse à la question. Depuis l’inondation de Sainte-Agnès, un village isérois dans le massif de Belledonne, à cause d’une grosse crue du Vorz. Le maire s’était alors tourné vers lui : ces crues allaient-elles être plus fréquentes ? Comment s’y adapter ? Des réponses s’esquissent.

Des prélèvements ont été effectués au fond de trente-trois lacs alpins. © Bruno Wilhelm (Université de Grenoble Alpes)

Le scientifique identifie deux types de crues. Les premières dites « moyennes » correspondent aux crues décennales, celles qui se produisent en moyenne une fois tous les dix ans. L’étude révèle qu’elles se produisent moins souvent quand la température est plus élevée. Et ce, sur l’ensemble du massif des Alpes. Les secondes, les crues « extrêmes », sont beaucoup plus rares. Elles surviennent en moyenne une fois par siècle et peuvent causer de forts dégâts matériels et humains. Pour celles-ci, les scientifiques ont enregistré des résultats divergents, selon les sites.

Certaines régions ont ainsi révélé moins de crues en période chaude, suggérant une diminution du risque pour les années à venir. Mais, à l’inverse, sur d’autres « petits bassins versants de montagne », les crues extrêmes ont été plus fréquentes avec une montée de la température de 0,5 à 1,2 °C. Ce fut par exemple le cas dans la vallée de l’Arve, au-dessus de Chamonix, ou dans celle du Guil, dans le Queyras. Dans les deux cas, il s’agit « de petites zones de quelques kilomètres carrés alimentées par des petits cours d’eau vifs, tels que des torrents ». « Ceux-ci sont nourris par les pluies et réagissent très rapidement aux aléas…

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Auteur: Reporterre