Dans les Alpes, des « randos-philo » pour repenser notre lien à la nature

Chambéry (Savoie), reportage

Entre les brindilles et les cailloux, aux pieds des marcheurs, s’étalent des portraits de philosophes, de l’Antiquité à nos jours. La « rando-philo » vient de commencer. Ce jour-là, à Chambéry, l’animateur, Simon Parcot, guide une vingtaine de personnes. Toutes sont invitées à choisir l’un des personnages exposés au sol, et à l’emporter pour toute la balade. Le thème du jour ? « À la recherche du sauvage. » Chez Aristote, « le sauvage désigne la nature, mais aussi celui ou celle qui vit selon les lois de la nature », introduit Simon Parcot, philosophe et écrivain à l’origine de ces randos-philo. Cette conception antique a influencé la pensée européenne au moins jusqu’au Moyen Âge.

La première montée de la balade, sous la chaleur du jour, est raide. La première pause, bienvenue. « J’espère que malgré la sueur, vous avez pu penser quelques minutes », encourage Simon Parcot. Les vingt participants prennent le temps d’échanger sur ce que leur inspire, instinctivement, le thème du jour. Le sauvage, c’est « l’instinctivité, voire l’agressivité », lance l’un. Plutôt le « respect porté à la nature », défendent d’autres. « La liberté d’être en dehors des codes », songe une femme qui a en tête « le camping sauvage : quand on a l’impression d’être en dehors de tout, là où personne n’a été… ». « On a tendance à qualifier de sauvage ce que l’on ne connaît pas, ce qui est étranger », souligne de son côté Juliette, une lycéenne venue avec ses deux frères.

Simon Parcot présente des philosophes à emmener randonner. © Maïa Courtois / Reporterre

Élève en terminale, Juliette a déjà eu quelques cours de philosophie sur la nature. Mais cette fois, « tout est différent. Ce n’est pas juste le professeur qui parle et les autres qui écoutent en prenant des notes… On participe et on construit la réflexion entre les membres du groupe. Quand on est seul à réfléchir, on part dans une seule direction. À plusieurs, on va forcément explorer plusieurs pistes ! » se réjouit-elle.

Pour Simon Parcot, formé à la philosophie à Paris avant de retourner vivre dans le massif des Écrins, les randos-philo sont une façon de « casser le mythe de la philo sorbonnarde. Celle qui est généralement le propre d’une élite, avec un langage compliqué, pas accessible à tout le monde… » Dans les balades qu’il anime, il recourt à d’autres codes et à beaucoup d’humour : « Quand je présente ces…

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Auteur: Maïa Courtois Reporterre