Dans les Alpes du Sud, ils défendent les forêts contre les projets solaires

Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), reportage

Jadis, au pays de Jean Giono, l’Homme plantait des arbres. Désormais, il les remplace par des panneaux solaires. Depuis quelques années, la montagne de Lure, dans la partie ouest du parc naturel régional du Lubéron, est l’objet de la convoitise des promoteurs de centrales photovoltaïques. En plus des 200 hectares déjà implantés, de multiples projets viennent miter les crêtes de cette chaîne des Préalpes, sur une emprise cumulée de plus de 500 hectares, dans une région classée à l’Unesco comme réserve de biosphère. « Presque tous les villages de la montagne de Lure sont concernés », explique Sylvie Bitterlin, membre du collectif Elzéard, Lure en résistance.

Depuis peu, les associations des Alpes du Sud (Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes) se sont réunies autour d’un manifeste commun « pour un autre photovoltaïque dans les Alpes du Sud » et donné rendez-vous ce 26 avril à Forcalquier pour dire « stop au photovoltaïque dans nos forêts ». C’est là un enjeu nouveau pour une énergie renouvelable sur laquelle les politiques publiques misent beaucoup pour atteindre les objectifs de puissance renouvelable installée en 2030.

Action contre la destruction des forêts à Forcalquier, le 26 avril 2022. © François-Xavier Emery/Reporterre

Localement, ces « parcs » solaires viennent également directement abonder les finances des collectivités. Ainsi, sur la commune d’Ongles, au pied de cette montagne de Lure, un projet de centrale solaire de 8 mégawatts de puissance rapporterait 60 000 euros par an à la collectivité. Un projet sur 16 hectares au total, en pleine forêt de Seygne, « une forêt atypique et magnifique », selon Raphaël Kieffert, agent de l’Office national des forêts (ONF) dans les Ardennes et délégué national du Snupfen-Solidaires.

Sylvie Bitterlin, membre du collectif Elzéard, Lure en résistance. © François-Xavier Emery/Reporterre

L’occasion pour lui de rappeler l’existence « d’un contre-courant » au sein de l’ONF, qui s’élève contre les pressions à appliquer à la lettre les directives poussant à une gestion industrielle des patrimoines boisés. À côté de lui, sa camarade Adeline Pichard, écologue, souligne quant à elle une absurdité : « Quand on détruit un milieu humide ou un habitat, normalement, on doit compenser suivant la démarche ERC [éviter, réduire, compenser]. Or, pour les forêts, il suffit de verser une indemnité. » Un financement qui vient alimenter le Fonds…

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Auteur: Grégoire Souchay (Reporterre) Reporterre