Dans les Alpes, la folie du ski se poursuit tout schuss

« Dans sa démesure, ce projet est assez symbolique. Mis à part les délires de certains élus et responsables de domaines, on voit mal sa justification. » Pour Benoît Nenert, vice-président de l’ONG Mountain Wilderness, le téléphérique envisagé entre les Deux-Alpes et l’Alpe d’Huez appartient au passé. Longue de 5 kilomètres, cette desserte qui devrait transporter environ 2 000 personnes par heure, est au cœur des tensions entre promoteurs du ski et militants pour la protection de la nature. Derrière ce projet, deux visions de l’avenir de la montagne s’affrontent.

La liaison est apparue pour la première fois en 2019 dans le schéma de cohérence territoriale (Scot) de la communauté de communes de l’Oisans (Isère), un document de référence où sont prévus les investissements pour les 20 prochaines années, qui comprend également la construction d’environ 10 000 lits supplémentaires. Avec cette jonction, le nouveau domaine cumulerait plus de 450 kilomètres de pistes, ce qui le ferait entrer dans le top 3 mondial, derrière les Trois Vallées (Savoie) et les Portes du Soleil (France-Suisse).

Un « snowpark » à l’Alpe d’Huez. CC BY-SA 3.0 / Marcin Floryan / Wikimedia Commons

« Par rapport à la Savoie, où ils sont connectés de partout, on ne représente rien. Avec 500 kilomètres de pistes, on a l’occasion de booster notre promotion », explique Jean-Yves Noyrey, maire de l’Alpe d’Huez. Alors que les deux domaines sont déjà gérés par la même entreprise, la Sata, un « produit permettant d’aborder beaucoup de pistes » serait selon lui « un vrai plus ».

Lorsque Denis Vial, retraité habitant les Deux Alpes, a découvert cette liaison avec l’autre côté de la vallée de la Romanche, il a décidé de fonder un collectif, nommé Non à la liaison Huez-Deux Alpes, pour s’y opposer. Pour lui, la liaison est superflue. « Les skieurs ont suffisamment d’espace de jeu dans les deux stations, explique-t-il. Je vois mal un skieur du dimanche prendre cette liaison pour aller de l’autre côté. »

Carte du projet de liaison réalisé par le collectif Non à liaison Huez-Deux Alpes. © Non à liaison Huez-Deux Alpes

Le collectif, formé à l’été 2019, a donc engagé une bataille et lancé une pétition, signée par près de 3 000 personnes. Mais la communauté de communes a refusé de le recevoir. Finalement, les commissaires-enquêteurs ont émis un avis défavorable contre le Scot, tandis que les élections municipales de 2020 et l’épidémie ajournaient les…

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Auteur: Reporterre