Dans les Alpes, les bénévoles à bout n'arrivent plus à accueillir les migrants

Briançon (Hautes-Alpes), reportage

Il est midi en ce début novembre à Briançon, à 1 200 mètres d’altitude. Une neige lourde tombe sans discontinuer depuis la nuit et recouvre déjà le sol. À côté de l’église Sainte-Catherine, à deux pas du centre-ville, quelques bénévoles s’activent : c’est l’heure du repas pour les exilés. Ces derniers sont environ soixante-quinze ce jour-là, dans des barnums. Quand la nuit tombera, aucun d’eux ne pourra être accueilli dans un abri pérenne. Les Terrasses solidaires, nouveau tiers-lieu associatif voué notamment à l’hébergement d’urgence, a craqué face à une jauge d’occupation constamment dépassée, avec 230 personnes pour un maximum de 81. La situation ingérable et la saturation du lieu ont conduit à la suspension de l’accueil depuis le 24 octobre, lendemain de l’inauguration.

Un appel à la mobilisation a été lancé ce samedi 13 novembre « Pour un accueil digne et inconditionnel dans le Briançonnais », et relayé par plusieurs personnalités dont la militante écosocialiste Corinne Morel-Darleux et le candidat du Nouveau parti anticapitaliste à la présidentielle Philippe Poutou. Objectif : faire pression et ne pas rouvrir tant que l’État ne propose pas de solution d’hébergement digne et complémentaire de l’accueil citoyen.

Les Terrasses solidaires. © Élie Ducos/Reporterre

Les obligations légales ne sont pas satisfaites depuis cinq ans. « C’est en cours à Calais. Pourquoi pas à Briançon, alors qu’on est en haute montagne ? Ici, on a plein d’espaces publics ou privés accessibles, inoccupés », s’énerve Max Duez, administrateur de l’association Refuges Solidaires interrogé par Reporterre. Dans le Pas-de-Calais, un « sas de mise à l’abri » pour loger 300 migrants de nuit va être créé. Depuis 2017, l’accueil des exilés dans le Briançonnais est exclusivement pris en charge par des bénévoles.

Depuis la fermeture des Terrasses solidaires, les exilés sont ballottés de lieu en lieu. Le 24 octobre, ils étaient 230 à dormir dans le hall de la gare, des Afghans surtout. Au même moment, 160 autres étaient annoncés de l’autre côté de la frontière. Le maire Les Républicains (LR) de Briançon, Arnaud Murgia, avait alors réclamé directement au ministre de l’Intérieur deux escadrons de gendarmerie mobile. Quelques heures plus tard, 220 gendarmes rejoignaient Briançon et expulsaient ces migrants. L’évêque de Gap leur avait alors ouvert les portes de l’église de la ville,…

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Auteur: Reporterre