Dans les Cévennes, l'armée s'approprie les terres paysannes

Les Cévennes, ses forêts de châtaigniers, ses bâtisses en pierre sèche et bientôt… ses marches militaires. Le 7 juillet, le ministère des Armées est officiellement devenu propriétaire d’une ferme de 12 hectares, dont 5,5 de terres arables à Bannière, près de Saint-Jean-du-Gard. L’ancienne exploitation qui surplombe la touristique route de la Corniche des Cévennes servira de camp permanent pour le 2e régiment étranger d’infanterie (REI) de la Légion étrangère, dont le quartier général est à Nîmes.

Pour les militaires, il s’agit de profiter du caractère « rural et rustique » de ces terres pour y pratiquer des entraînements dits « légers », comme des marches en pleine nature ou des combats à pied en zone boisée tout en ayant la possibilité d’accueillir épisodiquement les familles des soldats. S’il est difficile d’estimer la part des terres agricoles et forestières possédées par l’armée, celle-ci n’en est pas à sa première acquisition. En mai 2022, le ministère a notamment acheté une portion de ferme sur la commune de la Tournemire, en Aveyron. Ici aussi, les terres ne verront pas l’installation d’un projet agricole, mais seront bien destinées à l’entraînement de la 13e demi-brigade de la Légion étrangère, stationnée sur le plateau voisin du Larzac. Selon le ministère de la Défense, à l’échelle nationale l’armée française est d’ailleurs le premier propriétaire foncier du pays avec un patrimoine hétéroclite de 275 000 hectares.

Il est peu dire que cette initiative a été mal reçue par les habitants locaux qui, organisés au sein du collectif Vallées cévenoles démilitarisées, ont multiplié les actions pour dénoncer la création d’un « village garnison ». « Nous verrons désormais des militaires défiler en armes dans notre village et sur nos chemins de randonnée — plusieurs grandes randonnées, dont le chemin de Stevenson, traversent Bannière —, ça va incontestablement changer l’esprit du village, sans parler des nuisances sonores pour les habitants et pour la faune », résume Thomas, membre du collectif, à l’occasion d’un rassemblement d’opposition.

Ni la « perspective de retombées économiques », vantée par les gradés du 2e REI, ni le renoncement aux « tirs de munitions d’exercice » dans la version finale du bail n’a su rassurer les opposants qui ont annoncé, le 11 juillet, leur volonté de « rester mobilisés » contre le déploiement militaire.

Terres agricoles trop chères

S’il s’agissait là…

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Auteur: Enzo Dubesset Reporterre