Dans les déserts médicaux français. 1/4. Ras-le-bol des villes, ras-le-bol des champs

À sa sortie de l’hôpital, une pénible surprise attendait Claudine Cestre : son médecin avait quitté sa commune rurale, Varzy, dans la Nièvre. Admise d’urgence en milieu hospitalier quelques semaines plus tôt pour une embolie pulmonaire, elle s’est ainsi retrouve alitée et sondée chez elle, à 82 ans, sans médecin traitant. Pour elle et sa famille a débuté un parcours du combattant. « On m’a dit : ‘Si elle n’a pas de médecin traitant, allez aux urgences’. Mais elle avait besoin d’être auscultée, suivie à domicile. Pas réhospitalisée. J’ai expliqué notre désespérance à de nombreux médecins. Mais ils sont débordés, plus aucun ne prend de nouveaux patients et souvent ils n’ont plus le temps de se déplacer », raconte sa fille Brigitte. Après plusieurs refus, un généraliste accepte de parcourir 20 kilomètres afin de soigner Claudine.

La pénurie de soignants est un mal frappant « entre 6 et 8 millions de personnes » qui « vivent dans un désert médical », selon un rapport sénatorial de 2020. Un défi pour les praticiens. À Clamecy (Nièvre), Thierry Lemoine, médecin généraliste, raconte : « J’ai 2000 patients, soit une quarantaine par jour ; certains en ont 4000. Nous refusons quotidiennement trente à cinquante personnes qui sont à la recherche d’un médecin traitant. Ces personnes ne consultent pas pendant des mois, voire des années, ce qui entraîne des retards de diagnostic. C’est ingérable ». Gilles Noël, maire de Varzy et président de l’association des maires ruraux de la Nièvre, décrit cette situation comme un « crève-cœur ». « Nous avons un seul kiné, un ostéopathe, un podologue. Pas de dentiste ! Dans la Nièvre, comme partout ailleurs, l’État a déserté les espaces ruraux ». 

Déserts peuplés 

Et pas que. Si le terme « désert » suggère l’aridité, les zones sous-dotées en médecins gangrènent aussi les villes. Jusqu’à Paris. Originaire de Bordeaux, Guillemette s’est installée en août 2021 dans la capitale. « Mon fils de 12 ans avait besoin d’un certificat médical pour faire du sport et moi d’un dentiste en urgence. Personne ne prenait de nouveaux patients. J’ai mis deux mois à trouver, en étant excessivement active et en passant par des connaissances. Je ne pensais pas, en arrivant ici, être à la limite de l’errance médicale ».

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Auteur: Le Média