Dans les déserts médicaux français. 3/4. Télémédecine : la double fracture

En quittant Paris à bord du RER E, après avoir longé Pantin, les grues et conteneurs de Noisy-le-Sec, les tags de Bondy et l’Eurocity de Gagny estampillé « tout à 1 euro », les tours se multiplient. Au terminus, les rues quasi désertes de Chelles sont plongées dans un silence monastique. A quelques encablures de la mairie, au premier étage de la Maison des solidarités, une machine peu connue soulève de nombreux espoirs : la cabine de téléconsultation médicale. La « Consultstation », étroit cylindre blanc aux fenêtres opaques, abrite un siège plastifié pour l’hygiène. À gauche, prévus pour une auto-auscultation, un thermomètre et un tensiomètre. A droite, un stéthoscope, un appareil ORL, une lampe et un petit écran tactile. Face au siège, une fente pour insérer une carte vitale et un écran de la taille d’un ordinateur. Par écran interposé, une doctoresse prend acte des douleurs au cou d’une patiente. « Palpez la zone et dites-moi si c’est dur ». La patiente peine à répondre. « Je ne saurais pas vous dire, je ne m’y connais pas ». A distance, le diagnostic est difficile. Malaise. L’absence de contact physique se fait sentir.

Dans ce désert médical, consulter en cabine est souvent un choix par défaut. À son arrivée dans la ville, Marine* a découvert sur Doctolib qu’aucun praticien ne prenait de nouveaux patients. Qu’à cela ne tienne : elle prétend sur le site internet avoir déjà vu la généraliste avec laquelle elle prend rendez-vous. « Après la consultation, elle m’a interdit de revenir. Cela a été très décourageant ». Un jour, alors qu’elle marche dans Chelles, la trentenaire passe par hasard devant une cabine de téléconsultation. « Sans trop y croire », elle prend rendez-vous. « Entrer dans cette cabine a été déconcertant. C’était l’unique solution. Pour moi, cela doit rester du dépannage. Le contact est trop important. L’usage de la cabine est instinctif car je suis familière de la technologie. Pour mes grands-parents ça serait sans doute plus compliqué ». 

Installées à partir de 2020 par le conseil départemental de Seine-et-Marne dans six de ses communes, ces cabines poussent par centaines dans toute la France depuis 2014, signe de la détresse des pouvoirs publics. En 2018, le département de Chelles était classée 97e (sur 101) en termes de densité médicale. Plus d’humains pour soigner ; place aux machines. Au grand désarroi d’Anne Gbiorczyk, vice-présidente du conseil départemental en charge de la présence médicale….

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Auteur: Le Média