Dans les Écrins, la fonte du glacier condamne un refuge historique

La Bérarde (Isère), reportage

« Vous êtes écolo ? Allez donc voir le refuge de la Pilatte, c’est l’un des premiers fermés à cause du réchauffement climatique. » Dans le village de la Bérarde, situé aux portes du parc national des Écrins, dans les Alpes, la rumeur s’est vite répandue. Depuis le début du mois de juin, le refuge de la Pilatte, perché à 2 577 mètres d’altitude, n’accueille plus les randonneurs et alpinistes : il a été fissuré par un mouvement de terrain, causé par le retrait du glacier éponyme. Cela faisait déjà plusieurs années que le bâtiment commençait à se fendre, et il s’avère aujourd’hui trop abîmé pour recevoir du public. « La dalle s’affaisse, le faîtage s’écarte et l’eau s’infiltre. C’était trop dangereux de l’ouvrir », explique Maria Isabel Le Meur, directrice adjointe de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), propriétaire du refuge.

À la sortie du village, un écriteau placardé au début du sentier bordé de fleurs sauvages prévient les randonneurs de cette fermeture, sans toutefois interdire totalement l’accès au site. Alors, beaucoup débutent l’ascension, cheminant le long de la rivière du Vénéon, dont les flots furieux sont gonflés par la fonte des glaciers. Les 300 derniers mètres de dénivelé sont les plus raides : on transpire malgré le vent glacial, tout en serpentant entre les pierriers qui dominent majestueusement la vallée. Une langue de neige, parsemée de petites crottes de marmottes, n’a pas encore fini de fondre ; elle s’est même épaissie de quelques centimètres la nuit dernière.

La façade fissurée du refuge de la Pilatte. © Maria Isabel Le Meur

Quatre heures plus tard, lorsque l’on atteint enfin le refuge, le bâtiment est noyé dans la brume. Impossible d’apercevoir en arrière-plan le célèbre glacier qui a tant fondu. Il faut s’approcher de l’édifice pour comprendre l’ampleur des dégâts. Une longue fissure de plusieurs centimètres lézarde sa façade. Une mousse jaunâtre colmate un peu les brèches, tel un vain pansement contre l’humidité. Une fenêtre manque de s’effondrer.

« Le refuge est construit sur un promontoire granitique qui lui sert de socle, explique Maria Isabel Le Meur. Il est à cheval sur une partie stable et un bloc d’environ 400 000 m3 qui s’appuie sur le glacier. Depuis le XIXe siècle, le glacier a reculé de 2 kilomètres et perdu 100 mètres d’épaisseur. Le gros bloc ne bute plus dessus, déstabilisant tout…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre