Montgenèvre (Hautes-Alpes), reportage
C’est une scène que seules ces années troublées par le Covid-19 peuvent nous offrir. Des télésièges à l’arrêt, une station de ski baignée dans le soleil, mais tristement vide. Et au pied des pistes, des centaines de personnes qui manifestent.
Ici, au col de Montgenèvre, les associations d’aide aux exilés alertent depuis plusieurs mois sur la répression toujours plus forte à la frontière franco-italienne. Le doublement des effectifs policiers depuis novembre 2020 fait courir toujours plus de risques à ceux qui tentent d’entrer en France en marchant pendant des heures dans la neige, souvent la nuit.
Dans le cortège de ce 20 mars, quelque chose frappait. Des dizaines de drapeaux jaunes étaient là pour rappeler la présence de la Confédération paysanne, un syndicat agricole qui, a priori, n’a pas grand-chose à voir avec l’immigration et la répression policière. Et pourtant.
« C’est important qu’il y ait nos drapeaux aujourd’hui, j’espère que ça fera prendre conscience à l’ensemble du monde paysan que nous avons des responsabilités en tant qu’agriculteurs », lançait au micro Nicolas Girod, le porte-parole national du syndicat.
Lors de la manifestation à la frontière franco-italienne le 20 mars.
Les paysans, des hébergeurs solidaires
À partir de 2015, face à l’arrivée quotidienne d’exilés en provenance d’Italie notamment, d’abord dans la vallée de la Roya puis dans les Alpes, les associations ont été débordées. Au même moment, plusieurs agriculteurs ont commencé à faire don de leurs productions. Comme Baptiste Vialet, un éleveur de vaches laitières et responsable de la Confédération paysanne dans les Hautes-Alpes, qui fait plusieurs fois l’aller-retour entre sa ferme et le squat de Veynes, à quelques kilomètres de Briançon, pour donner des légumes ou du lait aux exilés qui y vivent.
Petit à petit, des réseaux se sont créés et des boucles de messages informent désormais les agriculteurs sur les besoins des associations. « Amener à manger dans les lieux d’accueil, ça s’est vraiment généralisé de façon spontanée : ce n’est pas la Confédération paysanne qui structure les dons, mais des agriculteurs qui se débrouillent individuellement », se réjouit Olivier Bel, agriculteur solidaire et représentant du syndicat en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca).
« Moussa avait des choses à évacuer, dont des angoisses. »
Baptiste Vialet n’a pas fait que des dons alimentaires. En 2015, il a hébergé…
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Auteur: Maïa Courtois, Simon Mauvieux, Teresa Suarez Reporterre