Dans les monts d'Ardèche, la basilique de la discorde

Saint-Pierre-de-Colombier (Ardèche), reportage

« S’il avait voulu provoquer, il ne s’y serait pas pris autrement. » Martine Maurice fulmine. Comme nombre de militants, d’élus et d’habitants de la vallée de la Bourges, c’est la méthode de la préfecture de l’Ardèche qui l’interroge. Pourquoi raviver ainsi la polémique autour de la construction d’une église à Saint-Pierre-de-Colombier ? Signe de la reprise prochaine des travaux, une pelleteuse est déjà sur place.

Pour comprendre ce conflit, il faut revenir quatre ans en arrière. En 2018, dans ce petit village ardéchois, la congrégation religieuse La Famille missionnaire de Notre-Dame, installée dans la commune, a déposé un permis de construire pour édifier une église de 3 500 places, des logements, un parking et une passerelle sur le lit de la rivière. Le dossier a été validé par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), alors qu’il contenait deux erreurs majeures.

La première concerne le parc naturel régional (PNR), dont la congrégation a assuré ne pas faire partie, or Saint-Pierre-de-Colombier se trouve effectivement sur la zone du PNR des monts d’Ardèche. La seconde concerne l’absence d’espèces protégées. Des espèces qui sont en réalité présentes sur le site, comme le stipule la courte étude environnementale annexée à leur dossier.

Une opacité volontaire ?

Actions en justice, manifestations, occupation des lieux… En 2020, alors que les travaux ont commencé depuis un an, la mobilisation du collectif les Ami·es de la Bourges a fait bouger les choses. La préfète de l’époque, Françoise Souliman, a reconnu une « erreur administrative » des services de l’État. En octobre 2020, les travaux ont finalement été suspendus par arrêté préfectoral, dans l’attente d’une nouvelle étude environnementale quatre saisons — ou d’une dérogation pour la destruction d’espèces protégées. À cette même période, l’évêque de Viviers a lui aussi publié un décret pour interdire la construction de l’église — il n’est, quant à lui, pas revenu sur son choix.

En novembre 2022, après plus de deux ans de silence, un nouvel arrêté préfectoral a abrogé le précédent et autorisé la reprise des travaux. Si aucune communication officielle n’a été menée autour de cette décision, le préfet a affirmé dans la presse locale, fin décembre, qu’une étude environnementale a été produite et que « les éléments ont été jugés probants » : l’incidence sur les espèces protégées serait négligeable si les mesures d’évitement sont mises en œuvre. Au moment où nous écrivons ces lignes, l’étude n’a toujours pas été rendue…

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Auteur: Pauline De Deus Reporterre