Dans les Monts d'Arrée, le pâturage contre les incendies

Monts d’Arrée (Finistère), reportage

La terre reste noircie, mais la molinie, cette graminée typique des landes, commence déjà à repousser et forme un joli tapis vert sous les premières pluies d’automne. Une image apaisante après le chaos de cet été. Dans le Finistère, 2 208 hectares ont brûlé dans les monts d’Arrée à partir du 18 juillet, soit 20 % du site Natura 2000 et 8 % de la totalité des landes et tourbières de Bretagne. Le sinistre le plus important dans le département depuis les grands incendies de 1976.

L’heure est désormais à la restauration de ces espaces naturels. Mais les travaux d’urgence, avant les grosses pluies d’automne, ne seront pas la seule réponse. La vie future de cet écosystème va aussi dépendre d’une transformation à long terme des pratiques agricoles. Car si le feu s’est étendu aussi vite, c’est notamment parce que les landes n’étaient plus entretenues. Le milieu s’était fermé et les landes rases avaient laissé place à des arbustes.

Dans les monts d’Arrée, quelques dizaines d’agriculteurs utilisent déjà les landes, parfois de manière peu significative, notamment pour avoir un peu de litière pour les bêtes, quand d’autres le font avec beaucoup de conviction. Parmi eux, Jérémy Stéphan et Rémy Thépaut, sur la commune de Loqueffret. Les deux associés, installés en groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) depuis 2019, valorisent la lande de manière traditionnelle en y faisant paître leur troupeau. Ils se sont installés sur une exploitation de 150 hectares environ, dont 75 hectares de landes.

Leur parcours est original : après des années de vie professionnelle au sein d’une grosse coopérative, ils ont voulu partir sur un projet plus personnel, renouer avec certaines valeurs et valoriser les paysages des monts d’Arrée à leur manière. Les deux hommes ont un atelier volailles de chair, leur seconde production, et une activité de bovins allaitants pour la viande. Le tout en bio et en vente directe.

De leur parcelle principale, en haut du Menez Keryevel, la vue est imprenable sur le réservoir de Saint-Michel, en bas, et les crêtes rocheuses des monts d’Arrée, au nord. Les bruyères et les molinies crissent sous les pieds, frottent et piquent parfois à travers les pantalons, et compliquent la marche. Les 45 bœufs qui y paissent (presque exclusivement des Charolais, avec quelques Aubrac et croisés Salers) y grandissent tranquillement. « Ici, nous sommes sur une lande de 65 hectares », décrit Jérémy Stéphan….

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Auteur: Reporterre