Le livre de Serge Ritman, Dans ta voix, tous les visages disent je, qui vient de paraître aux éditions Tarabuste fait suite à Tu pars, je vacille et Ta Résonance, ma retenue publiés chez ce même éditeur. Il poursuit une écriture en je-tu qui emmêle l’épopée de voix amoureuse et le lyrisme d’un peuple qui vient tenir voix. Les morceaux du livre ont souvent été essayés en revue parfois même au gré d’interventions qu’on peut dire sociales. Ils défont les séparations traditionnelles entre l’intime et le politique suggérant combien la force vocale fait corps et combien la défense des corps (comme Foucault disait défendre la société) exige des passages de voix. Tout le livre peut aussi s’entendre comme la continuation par d’autres moyens, au sens de Reverdy, du vers de Bernard Vargaftig : Les soulèvements sont si proches. Ce livre se veut sans aucune assignation alors même qu’il multiplie ses références. Dans le champ éditorial contemporain en poésie, il veut renouer et dénouer, faire relation librement. Il espère bien augmenter le désir de Commune(s).
Voici un extrait de Nos interférences, 9e partie du livre dont le début avait été publié dans lundimatin. Un court extrait de la p. 107 au début de Tes renversements précède l’ensemble.
les liaisons s’entendent fort pour laisser passer
l’eau du discours intérieur
le ridicule ne tue pas mais le mépris assassine
et noie les voix intérieuresla musique ne s’entend pas comme une fuite
de gaz explose en silence extérieur
les fantômes vivants de l’amour ne se voient pas
s’entendent dans la nuit extérieure
[…]
la liberté naissante
pendant que les services se perdent dans les faux calculs
que tu prends la couleur vive pour faire vivre la vie
de chaque jour rendue invisible derrière les écrans de fumée
voilà qu’une autre fumée fait monter l’encens identitaire
les têtes de Paris-France se légionnent d’horreur
à la sérotonine et envoient leurs hommes d’armes
leurs toutous détruire le portrait au rond-point de Dions
de Marcel Sanchez les yeux ne leur suffisent pas
ils ont prévu de se racheter une conduite historique
en défiscalisant leur générosité acquise aux bondieuseries
des poutres dans l’œil de Notre-Dame qui aveuglent
d’un feu de paille les héros de l’information en continu
alors ce cri qui court dans la nuit comme fluorescence
d’une comète revient plus proche peut-être elle éclaire
comme un peu de futur rendu présent quand les murs
de la police seraient quel testament notre héritage…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin