Manifestement engagé dans cette bataille avec la foi du croisé, il a préparé le terrain de la publication du rapport consacré à la menace que ferait planer sur le pays le millier de Frères musulmans recensés en se répandant dans la presse sur la dangerosité de l’institut Lissen de Colombes, pourtant fermé, le 7 mai dernier, uniquement pour des raisons tenant à la sécurité des locaux. Aujourd’hui, brandissant un brevet irréprochable de laïcité et affirmant respecter scrupuleusement l’obligation de réserve à laquelle sont tenus les fonctionnaires, tout particulièrement ceux exerçant des fonctions d’autorité, le préfet présente à grand son de trompe son opus dans une église de Nanterre. Cherchez l’erreur.
Qui est le bouillant M. Alexandre Brugère ? Il présente une petite ressemblance avec le jeune Lucien Leuwen de Stendhal. Certes, à la différence du héros stendhalien, il n’a pas été chassé de l’École polytechnique pour avoir commis le péché d’exprimer de vagues convictions républicaines : ce genre d’audace de jeunesse ne l’a sans doute jamais poussé à une telle extrémité. Il n’est pas davantage le fils d’un banquier richissime. Néanmoins, il partage avec Lucien Lewen l’expérience d’une propulsion météorique auprès du ministre de l’Intérieur. L’un a bénéficié de l’appui de son puissant père, l’autre de celui de ses mentors en politique, issus de l’UMP puis de LREM. Tous deux agissent en service commandé : dans le roman éponyme, Lucien Leuwen a tenté, sans succès d’ailleurs, de remporter au bénéfice des royalistes les élections en Normandie ; M. Alexandre Brugère s’emploie, après avoir fait ses premières armes en qualité d’adjoint de M. Manuel Aeschlimann, maire d’Asnières, à relayer la politique particulièrement droitière des deux ministres avec lesquels il a travaillé. Il paraît servir davantage un clan politique que l’État.
Que dit…
Auteur: Christian EYSCHEN