De Brassens à Audiard, l’étrange destin de la chanson « Les passantes » …

« L’histoire commence en 1942. Un jeune homme de vingt-deux ans, désargenté, miséreux, amateur de littérature et de poésie se balade dans les Puces de Saint-Ouen. Il cherche un livre à un franc. Il trouve un recueil de poésies intitulé « Émotions poétiques » d’un certain Antoine Pol.

Je me trompe. L’histoire commence en 1911. Un jeune homme de 23 ans, centralien, bientôt ingénieur des Arts et Manufactures écrit un poème, sensible, délicat Les passantes. Je veux dédier ce poème À toutes les femmes qu’on aime…

 Le jeune homme de 1942 rentre chez sa tante Antoinette, il compose une musique sur un des poèmes du poète inconnu. Les passantes, Je veux dédier ce poème À toutes les femmes qu’on aime Pendant quelques instants secrets…

Le piston de 1911, c’est comme ça qu’on surnommait ceux qui faisaient Centrale, le piston poète donc devient sous-lieutenant d’artillerie, puis lieutenant puis capitaine, décoré de la croix de guerre. À compte d’auteur, en 1919, il publie ses poèmes mais ce n’est pas comme ça qu’on gagne sa vie. Il devient directeur commercial des mines de la Houve à Strasbourg puis président directeur général de la société des Établissements Châtel et Dollfus, négoce de combustibles minéraux et végétaux, élu Président du Syndicat central des importateurs de charbon en France.

Le traîne-savate de vingt-deux ans, dix ans plus tard devient une vedette de la chanson, il s’appelle Georges Brassens

Antoine Pol, en 1959, prend sa retraite. Il a bien le droit, il a 71 ans. Il peut s’adonner enfin à sa passion, qui n’est pas le charbon mais la poésie.

En avril 1960, à l’enterrement de Paul Fort, Antoine Pol reconnait Georges Brassens dans la foule mais il n’ose pas l’aborder. Pourquoi l’aborderait-il ? Il ne sait pas que dix-huit ans plus tôt aux Puces, Brassens a acheté son recueil de poésies. Il ne sait pas qu’il a mis en musique un de ses poèmes.

À la fin des…

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Auteur: Claude Morizur