De la contre-insurrection, de la French theory et du mouvement woke — Philippe HERVÉ

En opposition depuis deux siècles, les forces réactionnaires et celles du Capital, en particulier sa police et ses services spéciaux, vont n’avoir de cesse que d’empêcher ce processus de soulèvement soudain. Pour les forces de « maintien de l’ordre », le problème est simple à énoncer, mais difficile à résoudre : était-il possible « d’éviter que l’étincelle ne scintille ? ». Ou encore : plutôt que de combattre un incendie, peut-on éviter son déclenchement ? Allons encore plus loin en amont, peut-on faire passer à l’incendiaire l’envie même de déclencher son briquet ? Ce type de problématique constitue ce que l’on nomme lutte contre-insurrectionnelle.

Le rôle des minoritaires dans l’embrasement de la plaine

Mais cette célèbre phrase du leader de la révolution chinoise évoque également la dialectique complexe entre la « minorité agissante », parfois infime, et le peuple dans son ensemble. Qu’est-ce qui pousse en effet une poignée de femmes et d’hommes à prendre tous les risques pour que « le monde change de base » comme le disent les paroles de l’Internationale ? L’altruisme, l’amour de l’humanité ? C’est parfois possible. Mais dans la plupart des révolutions, les « déclencheurs », ceux qui allument le briquet et enflamment l’herbe sèche de la plaine, étaient motivés par une oppression spécifique et fort cruelle liée à leur statut de minoritaires.

Ces « minorités agissantes », pour reprendre l’expression gaulliste en Mai-68, ont souvent été motivées par une histoire particulière d’exploitation, d’humiliation et de désir de revanche sociale. Ces groupes humains particuliers ont été, au travers des temps, agrégés par une douleur collective spécifique, liée par exemple à leur réalité sociale déclassée, à l’appartenance à un peuple victime d’asservissement ou de discrimination, ou encore à une religion exécrée par la ou les religions majoritaires. Ces groupes minoritaires opprimés se sont révélés dangereux pour l’ordre établi lorsqu’ils disposaient d’une conscience claire de leur situation particulière, de leur oppression et de leur exploitation par un pouvoir central dominant.

Ce fut le cas par exemple en 1789 pour la première révolution « moderne », la Révolution française. À partir de 1787, un véritable chaudron révolutionnaire prend forme dans les faubourgs parisiens, en particulier dans le faubourg Saint-Antoine, avec l’émergence d’une sorte de « conscience prolétarienne », si l’on peut…

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Auteur: Philippe HERVÉ Le grand soir